"Point de vue" de Franck Servel, membre du bureau national,
paru dans Informations ouvrières n° 573
En
2017, lors d'un déplacement en Grèce, Macron affichait sa
détermination face aux critiques soulevées par ses réformes, comme
celle du Code
du travail,
en déclarant avec la morgue qui le caractérise "Je
serai d'une détermination absolue et je ne céderai rien, ni aux
fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes ». Ce
mépris a largement contribué à l'irruption des gilets jaunes, dans
une situation sociale où les travailleurs, de plus en plus nombreux,
n'en peuvent plus et n'acceptent plus des nouveaux sacrifices.
La
multiplication des mobilisations où les personnels cherchent à
contrôler leur mouvement, avec la grève des urgences, aux finances
publiques, dans l'enseignement, au moment du bac... tout ce
bouillonnement dans le pays inquiète l'exécutif qui a décidé de
changer de discours et de méthode pour aller jusqu'au bout de ses
contre-réformes. Macron indiquait cet été aux journalistes de
l'AFP : « Il
ne faut pas réduire l'ambition de transformation dont le pays a
besoin mais, dans la méthode, il nous faut réussir à inclure
davantage les Françaises et les Français ».
Cette
« méthode » n'est d'ailleurs pas si nouvelle que cela
puisqu'il s'agit au final de chercher à intégrer les organisations
syndicales aux « réformes », en multipliant les
concertations, grands débats... pour « inclure
davantage les Françaises et les Français » à
la destruction des conquêtes collectives qu'ils veulent maintenir.
Cette
volonté farouche de ne pas lâcher est illustrée par l'appel lancé
par plusieurs organisations syndicales de la RATP à une grève
illimitée à partir du 5 décembre contre la réforme des retraites,
pour le maintien des garanties statutaires des salariés et de leur
régime spécial.
La
Ministre Buzyn est tout de suite intervenue pour affirmer qu'"il
n'y a pas lieu de bloquer la France".
Mais elle a surtout ajouté "Pourquoi
être en grève le 5 décembre alors que nous commençons une
discussion sur la transition qui va mettre 20 ans.
Je trouve ça un peu abusé alors que les négociations ne font que
commencer".
La
voilà, la nouvelle méthode du gouvernement : donner l'illusion
que tout est ouvert, qu'il y a des choses à négocier... Face à
cela, les salariés de la RATP ont bien compris que seul le rapport
de force permettra de faire reculer le gouvernement. Et après le
« coup de semonce » porté par la première grève
massive du 13 septembre, le responsable du premier syndicat de la
régie, l'UNSA-RATP, prévient : « pour
obtenir des résultats, il faut vraiment partir dans un conflit plus
dur, poser le sac une fois pour toutes. On
voit bien que les grèves saute-mouton de 24 heures, ça ne
marche pas ».
Et
pour aider les travailleurs à submerger les obstacles qui empêchent
– pour le moment – l'unité et la généralisation de la grève à
tout le pays avec des revendications claires, pour le retrait des
contre-réformes du gouvernement, nous vous invitons à participer
aux réunions des Comités de Résistance et de Reconquête.