vendredi 14 septembre 2018

Combattre et résister

Editorial de Dominique Canut, paru dans Informations ouvrières


D'après le gouvernement, la majorité des retraités vivraient très confortablement puisqu'ils perçoivent plus de 1 000 euros par mois ! Il faudrait donc récompenser le travail, c'est ainsi que les heures supplémentaires seront exonérées de cotisations sociales. Il faudrait s’en prendre à ceux qui ne font rien, les retraités. Les "oisifs" devront donc payer. Les retraités ont déjà vu la CSG augmentée de 1,7 % et ça va continuer. Les prestations sociales n’augmenteront plus en fonction de l'inflation, qui est à 2,3 % ; les retraites, la famille, l'APL et les emplois aidés sont directement visés. A noter qu’il est très symptomatique qu’Edouard Philippe classe les retraites dans la catégorie « prestations sociales ». En moyenne, les retraités devraient perdre un demi-mois de retraite sur une année. Jamais l’attaque n’aura été aussi frontale !

Cette année, des dizaines de milliers d’étudiants ne pourront effectuer leur entrée en faculté ou, triés par le logiciel « Parcoursup », seront dispersés dans des domaines qu’ils n’ont pas choisis.

Un rapport sur la santé au travail vient d’être livré au gouvernement, proposant de regrouper l’INRS, l’OBBTP et l’ANACT, permettant de réaliser des économies d’échelle au prix de la santé des salariés.

En revanche, la France est le pays en Europe où les entreprises cotées en bourse reversent la plus grande part de leurs bénéfices en dividendes à leurs actionnaires. Depuis 2009, elles leur ont versé plus des deux tiers de leurs profits (près de 51 milliards de dollars). Dans les années 2000, les entreprises ne versaient pas plus de 30 % aux actionnaires, selon Oxfam.

Du coup, les économistes considèrent que c'est le signe d’une économie mondiale qui ne s'est jamais aussi bien portée ! Evidemment, cette analyse est intentionnellement fausse, ce n'est pas parce que le patronat et les actionnaires sont de plus en plus riches que c’est profitable à l'économie d'un pays. La preuve, le taux de croissance à 1,5 % (3 % promis par Macron), un taux de chômage élevé et qui ne baisse pas, une balance des échanges commerciaux très largement déficitaire... L'idéologie du ruissellement est une tromperie, c'est grâce aux cadeaux faits aux patrons que les profits et dividendes augmentent, sans oublier la surexploitation de la force de travail, capitalisme oblige.

Mais les Français ne s'y trompent pas puisque Macron vient de perdre dix points. Un sondage montre que 66 % des Français jugent son bilan négatif, qu'il est trop autoritaire et méprisant, qu'enfin 76 % considèrent que sa politique est orientée vers les plus privilégiés. La démission du patron d'Ushuaïa, les gels douche, rapportant 250 000 euros l'an à Nicolas Hulot, n'est qu'un élément de plus dans la crise au sommet de l'Etat.

Alors, que faire ? Combattre, résister pour la reconquête des acquis de 1936 et 1945, y compris pour relier les revendications à la question du pouvoir ? Le rétablissement de tous les droits arrachés au capital après-guerre passe inévitablement par la réponse à la question des moyens pour y parvenir. Mais, aujourd’hui, la classe ouvrière possède-t-elle une authentique représentation politique dans ce pays ? Ces questions méritent réflexion...