dimanche 16 octobre 2016

Un budget de guerre pour la guerre

Editorial d'Informations ouvrières n° 422
Franck Servel, membre du bureau national du POI

Valls l'a répété plusieurs fois après les attentats terroristes : « Nous sommes en guerre. » Au nom de la lutte contre le terrorisme, ce sont du coup plus de 30 000 militaires français qui sont quotidiennement en opération, « un rythme inégalé depuis la guerre d'Algérie », selon le journal Les Echos du 29 septembre.

L'état de guerre décrété par le gouvernement justifie tout : l'état d'urgence, l'interdiction des manifestations syndicales, la répression contre les militants syndicalistes ... et l'envoi de troupes à l'étranger, les bombardements en Syrie et en Irak. Le dernier projet de loi de finances du quinquennat a été présenté la semaine dernière, cadré par les 3 % de déficits publics pour répondre aux exigences de Bruxelles. Le budget voit pourtant une nouvelle hausse du budget de la défense. Guerre extérieure, mais aussi guerre intérieure contre les travailleurs et l'ensemble de la population, même si nous devrions nous réjouir : le plan de 50 milliards d'économies est revu à la baisse... le gouvernement ne fera finalement que 40 milliards d'économies !

En revanche, les cadeaux au patronat se poursuivent : l'impôt sur les sociétés doit passer de 33,5 % en 2015 à 29,4 % en 2017.

Hollande aurait souhaité que cette guerre justifie l'union sacrée derrière le gouvernement, mais il a échoué dans cette tentative. Dans une interview parue dans Le Monde, le chef de l'état le déplorait : « En France, le président, même avec une majorité absolue à l'Assemblée nationale, est minoritaire dans le pays (…) Sur qui peut-il s'appuyer ? Sur des forces sociales, économiques, culturelles, intellectuelles et pas seulement politiques. C'est ce qui a manqué. » L'union sacrée n'a pas eu lieu, la CGT et FO, avec la FSU, Solidaires et les organisations de jeunes, ont combattu pour le retrait puis l'abrogation de la loi travail. Ces mêmes confédérations rejettent la politique d'austérité concentrée dans le pacte de responsabilité, que le budget 2017 met en œuvre.

Informations ouvrières, chaque semaine, ouvre ses colonnes aux militants ouvriers, laïques et républicains, aux jeunes qui cherchent les voies de l'unité sur les revendications pour en finir avec la politique de ce gouvernement. S'appuyant sur l'unité CGT et FO construite sur le mot d'ordre de retrait, puis d'abrogation de la loi travail, le combat se poursuit dans les secteurs professionnels comme Alstom, EDF, la Sécurité sociale, la Poste, la SNCF, les hôpitaux, l'éducation nationale... pour refuser la mise en œuvre des plans de destruction des acquis des grandes lutte sociales de 1936 et 1945. A travers la discussion engagée dans les comités de liaison et d'échanges, c'est une force politique que nous construisons.

C'est sur le terrain de classe que pourra se dégager une issue, comme nous avons commencé à le faire durant ces mois de combat contre la loi El Khomri. C'est ce qu'expriment également les salariés d'Alstom, qui exigent avec leur intersyndicale le maintien de tous les sites Alstom-Transport en France et le maintien de tous les emplois sur chaque site, notamment sur Belfort.

Comment aider à déjouer les obstacles politiques et permettre la mobilisation de millions et de millions qui fera reculer le gouvernement ? Débattons dans Informations ouvrières. Le conseil fédéral national du POI a proposé d'organiser en commun une conférence nationale de délégués issus de ces comités de liaison et d'échanges au printemps prochain.