dimanche 14 février 2016

"Coupez-leur les vivres, ils mettront plus d'ardeur"

Dominique Canut, membre du Bureau national
Editorial paru dans Informations ouvrières n° 387

La dernière convention d'assurance chômage du 14 mai 2014 devait « favoriser la reprise de l'emploi ». Résultat, fin 2015, toutes catégories confondues, le nombre de demandeurs d’emploi est à plus de 6,5 millions ! C'est de pire en pire.

Ceux qui ont été radiés de pôle emploi, les stagiaires ou en formation n'étant bien évidemment pas comptabilisés dans ces chiffres.

Cette convention Unedic doit à nouveau être négociée vers le 20 février, d'ores et déjà le gouvernement plante une « macronade » : la dégressivité des allocations-chômage devant favoriser le retour à l'emploi ! En somme, coupez-leurs les vivres et ils mettront plus d'ardeur à chercher du travail et donc en trouver ! Mais « la crise de l’emploi » trouve ses racines au sein même de la crise du système capitaliste. Prétendre le contraire, c’est épouser les thèses ultralibérales.

Cette dégressivité, qui était appliquée entre 1992 et 2001, évidemment n'a montré « aucune efficacité du point de vue de la baisse du chômage », de l'avis de la CGT, mais aussi de FO, qui considère qu'elle « freine le retour à l'emploi ». Quant à la CFDT, elle considère qu’en période de plein emploi, cette mesure mériterait d’être mise en œuvre (sic)…

La poursuite de l’ultra-financiarisation du capital n'a pas vocation à créer des emplois, mais à faire du fric. En 2015, la France s’est située au troisième rang des pays où les actionnaires sont les mieux rémunérés dans le monde, et des centaines de milliers d'emplois ont été détruits. Toutes les mesures dites pour l'emploi n'ont été que dispositifs permettant au patronat de s'engraisser.

Les militants ouvriers qui défendent l'emploi dans leur entreprise sont traînés devant les tribunaux.

Pour se conformer aux exigences du FMI, de l’UE, du capital financier et du patronat, le gouvernement s'attaque à tous les acquis de la classe ouvrière : le Code du travail, la Sécurité sociale, les retraites, l’école publique, les salaires, les conventions collectives…

Il doit rechercher l'unité nationale pour détruire nos conquêtes sociales, notamment de 1936 et 1945, et rallier à lui les confédérations syndicales. Mais la résistance s'organise, et la journée du 26 janvier a été un temps fort de mobilisation dans les fonctions publiques, d'une puissance exceptionnelle compte tenu du contexte. Comme le disait tout à fait justement un militant de l'Oise : « Dès maintenant, ce qu'il faut construire, c’est la mobilisation de tous les salariés, public, privé. »

Aucun secteur n’est épargné. Les paysans sont étranglés, les taxis, etc., au nom du libéralisme.

Certaines petites communes, exsangues, en sont à réclamer une loi permettant l'installation de panneaux publicitaires pour pouvoir combler une petite partie de la perte des dotations de l'État.

Déjà, de nombreux comités locaux et départementaux du POI organisent des assemblées-débats avec des militants ouvriers, des paysans, des élus pour préparer une grande conférence nationale pour la défense des conquêtes de 1936 et 1945.


samedi 6 février 2016

Trois questions à Dominique Canut (bureau national)

Interview parue dans Informations ouvrières

Comment se prépare, dans le Var, la conférence nationale pour la défense des conquêtes de 1936 et 1945 ?

Bien que la date de cette conférence ne soit pas encore fixée, nous avons décidé en comité départemental, bien évidemment, de ne pas attendre pour organiser notre propre conférence départementale. Elle contribuera à la préparation et la construction de celle qui se tiendra je pense à Paris. Nous considérons que cette conférence nationale ne sera pas le point final de cette campagne pour la défense des conquêtes de 1936 et 1945. Elle sera plutôt un temps fort d’un moment d’échanges politiques entre militants ouvriers qui cherchent les moyens de faire face à la politique du gouvernement qui veut détruire des décennies de conquêtes sociales, au nom de la libre concurrence et de la baisse du coût du travail.

La journée de grève et de manifestations du 26 janvier qui vient d'avoir lieu dans la fonction publique à l’appel de la CGT, FO et Solidaires, soutenue par les UD CGT, FO, Solidaires mais aussi FSU du Var, mais également le rassemblement du 20 janvier organisé par l’UD CGT du Var, devant la préfecture du Var, pour exiger la relaxe des 8 militants CGT de Goodyear, contribuent à la construction du rapport de force nécessaire à la classe ouvrière.

Dans le cadre de cette conférence nous venons de tenir deux premières réunions, à l’arsenal et à l’équipement de Toulon, et nous lançons les invitations à tous nos adhérents pour la tenue d’une assemblée le 3 février pour débattre de cette conférence départementale, mais également pour débattre d’une question de fond : « à quoi sert le POI ? » dans une situation où le gouvernement et le patronat voudraient que les travailleurs et leurs organisations accompagnent la remise en cause de tous les droits.

Le dernier bureau national du POI a décidé d'une remise des cartes 2016 offensive et d'une campagne de renforcement. Comment s'organise cette campagne dans les comités locaux du POI dans ton département ?

Justement, cette assemblée des adhérents du 3 février permettra de faire un point sur la poursuite de la remise des cartes 2016 .

La préparation de notre conférence et le nombre d’abonnements à Informations ouvrières sont des indicateurs qui devraient ouvrir des perspectives de renforcement du parti dans le département.

En tous cas cela s’organise, comme par exemple, simplement de proposer l’adhésion à ceux qui cheminent avec nous depuis quelques années. Cette démarche, si elle parait évidente ne va pas forcément de soi.

La campagne de souscription à Informations ouvrières a été un succès. Nous avons lancé une nouvelle campagne d'abonnements au journal avec Les Amis d'Informations ouvrières et les abonnés non membres du parti. Qu'en penses-tu ?

Depuis que
nous avons décidé d'ouvrir les colonnes de notre journal aux réflexions et discussions de tous ces militants ouvriers, notamment l’interview du secrétaire général de l’UD CGT du Var et du président d’une association de travailleurs de l’arsenal de Toulon regroupant 700 adhérents, nous avons réalisé dans le département 10 abonnements à Informations ouvrières, principalement à l’arsenal, dans l’enseignement et à l’hôpital. Nous allons poursuivre cette campagne d'abonnements.