jeudi 25 octobre 2018

Qu'est-ce qui permettra de faire reculer le gouvernement?

Editorial de Franck Servel,
paru dans Informations ouvrières n° 525


Informations ouvrières titrait la semaine dernière « Plus d'une semaine pour remanier le gouvernement... » A l'heure où cet éditorial est écrit, lundi 15 octobre au soir, force est de constater qu'il aura donc fallu une semaine de plus pour que Macron et Edouard Philippe se mettent d'accord sur un nouveau gouvernement. Cela montre l'ampleur de la crise au sommet de l'Etat, après les démissions de Collomb, Hulot, l'affaire Benalla... Un article du journal Le Monde du 12 octobre se conclut par « Un « nouveau monde » qui a aussi redécouvert, à l'occasion de ce long remaniement, l'importance de la relation entre l'Elysée et Matignon, cœur du réacteur de la Ve République. Un réacteur à manier avec précaution... » Ils sont tous inquiets sur la fragilité du gouvernement, mais les institutions de la Ve République permettent cependant à Macron, même affaibli, de tenir.

Le chef de l'Etat a d'ailleurs été clair : l'équipe est remaniée, mais la ligne politique sera inchangée. D'ailleurs, alors qu'il n'avait pas encore réussi à former son nouveau gouvernement, le Président annonçait le 10 octobre avec Delevoye la liquidation des 42 régimes de retraite existants pour instaurer à la place un système universel de retraite par points !

Qu'est-ce qui permet donc à Macron, qui n'a jamais été aussi isolé, de poursuivre dans la voix du démantèlement des conquêtes collectives ? Il bénéficie des institutions de la Ve République, des partis qui se sont adaptés à ces institutions, certains cherchant une issue dans des élections européennes « réussies », ce qui produit des crises au sein de ces partis. Macron utilise de son côté ces élections pour se présenter comme le chef des « progressistes » contre les « nationalistes » comme Orban ou Salvini, le même Macron qui s'est refusé à recevoir le navire Aquarius à Marseille. Et avec ce qui se passe au Brésil, suite à la décision frauduleuse d'écarter Lula, avec l'arrivée en tête du premier tour des élections de Bolsonaro, candidat de l'extrême droite soutenu par l'impérialisme, nul doute que les pressions vont redoubler sur le mouvement ouvrier pour dire « si Macron ne réussit pas, vous aurez Le Pen ».

Il y a donc une pression considérable sur les dirigeants des organisations syndicales pour les amener à abandonner leurs revendications et les entraîner sur des « propositions sociétales » liquidant leur indépendance de classe. La situation est explosive – il suffit de constater le revers historique en Bavière pour la CSU, parti allié d'Angela Merkel - alors le gouvernement est prudent : sur le dossier sensible des retraites, Delevoye a annoncé que des rencontres bilatérales pourraient durer jusqu'au printemps 2019, soit plus que prévu initialement.

Qu'est-ce qui permettra de faire reculer le gouvernement ? Un grand débat avec des « propositions alternatives » ou la grève unie sur des revendications claires, contre le projet du gouvernement de retraite par points, pour la défense de tous les régimes particuliers ?

Mais pour créer les conditions de l'affrontement, il faut construire une force politique qui aidera à déjouer les tentatives d'intégration des organisations syndicales à la mise en œuvre de la politique du gouvernement. C'est tout l'enjeu de la réussite du rassemblement du 10 novembre à Paris, où nous voulons réunir avec le Comité national de Résistance et Reconquête deux mille militants ouvriers pour construire cette force politique, avec tous ceux qui veulent résister, et qui s'expriment chaque semaine dans les pages Tribune libre d'Informations ouvrières. Inscrivez-vous, abonnez-vous !

samedi 13 octobre 2018

Visite du Premier ministre à Toulon


13 septembre 2018 : Edouard Philippe est venu à Toulon visiter un chantier de « rénovation urbaine ». Puis il a rencontré le maire de Toulon et président de l’agglomération, Hubert Falco, qui l’a interpellé sur la situation « d’insécurité » dans certains quartiers « sensibles », deux jeunes ayant été tués à La Seyne quelques jours avant cette visite (qui s’ajoutent aux six autres assassinats depuis le début de l’année dans l'agglomération).

Cette actualité concentre la réalité de la situation politique dans le pays. D’une part un « nouveau quartier » en centre-ville de Toulon regroupant un « incubateur-pépinière d’entreprises numériques » et des « activités d’enseignement supérieur et d’entreprises ». Bref, un quartier dévolu au privé avec des « écoles » dédiées à des jeunes fortunés, où des millions sont déversés dans le cadre d’un « partenariat public-privé ». Et d’autre part, une « insécurité » (un euphémisme avec un mort par mois), que vivent des milliers de familles, de jeunes et de retraités, celles et ceux qui, comme dirait Macron, perçoivent « un pognon de dingue » en aides sociales diverses.

Questionné par Var matin avant de quitter Toulon, le Premier ministre répond, concernant les assassinats, dont celui d'un jeune de quatorze ans : « j’ai entendu, je repars avec le dossier, le maire de La Seyne va être reçu » ; sur l’abandon que ressent la population : « je ne suis pas venu pour parler de ça » ; sur les élections européennes : « le choix se fera entre ceux qui veulent garantir la paix et sa prospérité, sa puissance, et ceux qui veulent la déconstruire ».

MEPRIS TOTAL
Droit dans ses bottes... Quoique, à la dernière question « Et la baisse des sondages ? », il répond « Si vous saviez… ». Une interview qui démontre d’une part le mépris le plus total vis à vis des populations confrontées au déferlement de la barbarie capitaliste, qui livre la jeunesse aux bandes maffieuses. Et d’autre part un gouvernement qui tente d’échapper au rejet qui le submerge en se disposant pour une campagne européenne dressée pour chercher à maintenir son cadre destructeur.

Pour le POI, le combat que mènent la classe ouvrière et la jeunesse avec leurs organisations pour s’assurer le droit de vivre, s’affirme dans les grèves qui se poursuivent. Elles visent à désigner nettement leurs revendications, leurs droits acquis tels que les statuts et conventions collectives, leurs régimes particuliers de retraite, revendications qui s’opposent frontalement au capitalisme en décomposition. Cela implique de construire une force politique capable de définir qu’est ce qui permet de gagner ou, à l’inverse, de maintenir ces Macron, Philippe, et leurs banquiers, dans la capacité de poursuivre leur destruction.

BERGER A LA RESCOUSSE
Ainsi, quelques jours avant cette visite, le 8 septembre, une autre interview était publiée dans le journal La Provence. Laurent Berger, au nom de la CFDT, à la question « dans quelle société nous voulons vivre ? » répond : « il est possible de créer un modèle social avec des droits attachés à la personne et pas à un statut ». On ne peut être plus clair dans l’accompagnement, et même la prise en charge directe de la destruction des statuts, conquête majeure des grèves de 1936 et 1945.

COMITE D'ORGANISATION POUR LE 10 NOVEMBRE
C’est pourquoi les militants du POI du Var sont engagés dans la préparation du rassemblement du Comité national de Résistance et Reconquête qui va se tenir le 10 novembre prochain à Paris.

Le comité local, qui vient de se réunir à La Seyne, avec une vingtaine de militants POI, LFI, et des syndicalistes, a décidé de se constituer en comité d’organisation pour le 10 novembre. Vingt-deux places de train ont été réservées, neuf premiers inscrits sont enregistrés et 25 % de la campagne financière est réalisée. Un repas fraternel est en préparation pour collecter les fonds nécessaires à cette « montée sur Paris ».