paru dans Informations ouvrières n° 525
Informations
ouvrières titrait
la semaine dernière « Plus
d'une semaine pour remanier le gouvernement... »
A l'heure où cet éditorial est écrit, lundi 15 octobre au soir,
force est de constater qu'il
aura donc fallu une semaine de plus pour que Macron et Edouard
Philippe se mettent d'accord sur un nouveau gouvernement. Cela montre
l'ampleur de la crise au sommet de l'Etat, après les démissions de
Collomb, Hulot, l'affaire Benalla... Un article du journal Le
Monde
du 12 octobre se conclut par « Un
« nouveau monde » qui a aussi redécouvert, à l'occasion
de ce long remaniement, l'importance de la relation entre l'Elysée
et Matignon, cœur du réacteur de la Ve République. Un réacteur à
manier avec précaution... » Ils
sont tous inquiets sur la fragilité du gouvernement, mais les
institutions de la Ve
République permettent cependant à Macron, même affaibli, de tenir.
Le
chef de l'Etat a d'ailleurs été clair : l'équipe est
remaniée, mais la ligne politique sera inchangée. D'ailleurs,
alors
qu'il n'avait pas encore réussi à former son nouveau gouvernement,
le Président annonçait le 10 octobre avec Delevoye la liquidation
des 42 régimes de retraite existants pour instaurer à la place un
système universel de retraite par points !
Qu'est-ce
qui permet donc à Macron, qui n'a jamais été aussi isolé, de
poursuivre dans la voix du démantèlement des conquêtes
collectives ? Il bénéficie des institutions de la Ve
République, des partis qui se sont adaptés à ces institutions,
certains cherchant une issue dans des élections européennes
« réussies », ce qui produit des crises au sein de ces
partis. Macron utilise de son côté ces élections pour se présenter
comme le chef des « progressistes » contre les
« nationalistes » comme Orban ou Salvini, le même Macron
qui s'est refusé à recevoir le navire Aquarius à Marseille. Et
avec ce qui se passe au Brésil, suite à la décision frauduleuse
d'écarter Lula, avec l'arrivée en tête du premier tour des
élections de Bolsonaro, candidat de l'extrême droite soutenu par
l'impérialisme, nul doute que les pressions vont redoubler sur le
mouvement ouvrier pour dire « si Macron ne réussit pas, vous
aurez Le Pen ».
Il
y a donc une pression considérable sur les dirigeants des
organisations syndicales pour les amener à abandonner leurs
revendications et les entraîner sur des « propositions
sociétales » liquidant leur indépendance de classe. La
situation est explosive – il suffit de constater le revers
historique en Bavière pour la CSU, parti allié d'Angela Merkel -
alors le gouvernement est prudent : sur le dossier sensible des
retraites, Delevoye a annoncé que des rencontres bilatérales
pourraient durer jusqu'au printemps 2019, soit plus que prévu
initialement.
Qu'est-ce
qui permettra de faire reculer le gouvernement ? Un grand débat
avec des « propositions alternatives » ou la grève unie
sur des revendications claires, contre le projet du gouvernement de
retraite par points, pour la défense de tous les régimes
particuliers ?
Mais
pour créer les conditions de l'affrontement, il faut construire une
force politique qui aidera à déjouer les tentatives d'intégration
des organisations syndicales à la mise en œuvre de la politique du
gouvernement. C'est
tout l'enjeu de la réussite du rassemblement du 10 novembre à
Paris, où nous voulons réunir avec le Comité national de
Résistance et Reconquête deux mille militants ouvriers pour
construire cette force politique, avec tous ceux qui veulent
résister, et qui s'expriment chaque semaine dans les pages Tribune
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