Franck Servel,
membre du Bureau national
La
semaine dernière, le Premier ministre Manuel Valls et la ministre du
travail Myriam El Khomri ont présenté les orientations du projet de
loi sur la « réforme » du Code du travail, suite au
rapport Combrexelle. Le président du MEDEF, Pierre Gattaz, s'est
réjoui : « Les
annonces d'aujourd'hui vont dans le bon sens ». La
veille, il précisait sur France 2 ce que réclame le patronat :
« La
solution passe par des accords prioritaires d'entreprise. Cela veut
dire qu'un chef d'entreprise pourrait négocier directement avec ses
salariés la durée et l'organisation du travail sans en référer
soit aux branches, soit à un Code du travail devenu beaucoup trop
compliqué. »
Et
Valls obtempère : la loi continuera à garantir « des
principes »,
mais la mission confiée par le gouvernement à Robert Badinter
consiste à définir ce
qui relèvera des droits fondamentaux garantis à tous, des
dispositions relevant des accords de branche ou d’entreprise... et
enfin des règles applicables sans accord.
En
2008, la déclaration finale du congrès de fondation du POI
indiquait « au même moment, alors que sa politique
est partout combattue par la lutte des classes, le gouvernement,
prenant appui sur la « position commune » entre le
gouvernement, le MEDEF et certains responsables syndicaux, prétend
imposer une loi généralisant les « accords d'entreprise »
dérogatoires aux conventions collectives et accord de branches ».
On constate 7 ans plus tard que si la volonté du patronat reste la
même, le gouvernement n'a pas changé d'orientation non plus, qu'il
soit de droite ou de « gauche » !
Continuité aussi pour la
position de notre parti, qui affirmait déjà clairement dans son
manifeste en 2008, le combat politique pour que la classe ouvrière
préserve l'indépendance de ses organisations syndicales vis-à-vis
de l'Etat, de l'Union européenne, du gouvernement, des patrons, mais
aussi des partis politiques. Alors pourquoi dans le dernier
Informations ouvrières, un
militant syndicaliste interviewé affirme partager « l'orientation
prise par le POI », dans les formes actuelles correspondant à
la nouvelle situation.
Il
a raison : continuité dans notre orientation, mais tournant
dans notre manière de discuter des questions politiques avec tous
ces militants syndicalistes, ces élus locaux qui cherchent à
bloquer la politique du gouvernement. C'est pour ce combat politique,
pour être une aide concrète à la lutte de classe que nous
organisons ce débat dans les pages « Tribune libre »
d'Informations ouvrières,
ces regroupements dans les réunions, petites ou grandes (6 juin, 17
octobre). C'est avec ces militants, avec les amis d'Informations
ouvrières, que nous préparons
les congrès ouverts du POI, dans les départements et à Paris, les
21 et 22 novembre, pour construire ensemble la force politique qui
permettra l'unité des travailleurs et de leurs organisations pour
briser l'offensive du gouvernement et du patronat.
Une
différence entre 2008 et 2015 : la « position commune »
de 2008 regroupait dans le cadre du « syndicalisme rassemblé »,
CGT et CFDT. Ce n’est plus le cadre
aujourd’hui, où CGT et FO ont refusé le
pacte de responsabilité, la loi Macron et le
PPCR. Cela signifie-t-il que tout est réglé ?
Certes pas. Le gouvernement n’a pas
renoncé à associer les syndicats à son offensive
contre le Code du travail. La lutte pour
l’indépendance des organisations est plus
que jamais d’actualité.