lundi 19 septembre 2016

Assemblée de rentrée du Comité du Var, le 31 août

Cette première réunion s'est tenue afin de préparer la rentrée et le conseil fédéral national du POI des 10 et 11 septembre.

Dominique Canut, membre du bureau national, a introduit la discussion en rappelant la situation politique : le gouvernement est en pleine déliquescence (Macron avait démissionné du gouvernement la veille), mais il continue à frapper. Il a décidé de prolonger l'état d'urgence, menaçant encore d'interdire les manifestations : « C'est une République monarchique, totalitaire ! ». Il note que le 14 juillet à Nice, il y avait quelques dizaines de policiers, alors que le 14 juin à Paris, ce sont des milliers de policiers casqués qui encadraient la manifestation ouvrière contre le gouvernement et sa loi travail. Cela n'empêche pas les confédérations CGT, FO, FSU et Solidaires d'appeler de nouveau avec les organisations de jeunesse aux manifestations interprofessionnelles le 15 septembre pour l'abrogation de la loi travail. Dans l'enseignement secondaire, les mêmes organisations appellent à la grève le 8 septembre pour l'abrogation de la réforme du collège. De nombreux militants syndicalistes engagés dans ce combat sont aujourd'hui disponibles pour échanger. Cela a permis de réaliser dans le Var trente abonnements supplémentaires à Informations ouvrières par rapport à l'été 2015, et c'est avec ces mêmes militants que nous avons organisé deux réunions de comités de liaison et d'échange avant l'été, à l'arsenal et à La Seyne. Il y a des questions à discuter : par exemple, revendiquer un « Code du travail du 21e siècle », n'est-ce pas équivalent au mot d'ordre « pour une autre réforme des retraites » en 2010, qui avait mené les salariés à l'échec avec la CFDT ? Mais nous sommes dans un autre contexte aujourd'hui, et c'est l'unité CGT et FO pour le retrait de la loi travail qui est l'élément central de la situation.

Dans la discussion, les militants ont fait état de l'importance des cahiers d'Informations ouvrières cet été sur les grèves de 1936, d'un « armement pour mieux connaître le passé pour mieux combattre aujourd'hui ». Des syndicalistes font le parallèle entre l’assassinat du jeune militant de l'Entente internationale des travailleurs en Haïti, l'arrestation des deux dockers CGT du Havre le matin même, et le licenciement du délégué CGT d'Air France : « dans tous les cas, ils essayent de terroriser pour empêcher la riposte ». Mais les dockers n'acceptent pas, ils se sont mis en grève et la CGT a publié un communiqué de protestation renforçant l'appel aux manifestations du 15 septembre pour l'abrogation de la loi travail.

Un enseignant est arrivé en retard parce qu'il sortait de l'assemblée générale de son lycée à Toulon, avec 88 enseignants, le jour de la pré-rentrée, qui ont décidé la grève dès la rentrée, le 2 septembre, avec les syndicats SNES et SNEP FSU, FO et Sud : « Ils ont supprimé deux classes de seconde, il y a 36 à 37 élèves par classe ! Les enseignants n'acceptent pas, une demande d'audience est faite au DASEN. L'appel adopté fait le lien avec la réforme du collège et la loi travail. Dans la discussion de l’assemblée générale, un enseignant a expliqué : ils nous parlent de sécurité, mais ils ne sécurisent pas l’avenir des jeunes ! »

Un militant précise que selon lui, l’axe de résistance FO - CGT pour le refus de la loi travail se trouve conforté, même après les vacances scolaires par la tenue du meeting de Nantes avec les secrétaires des confédérations, et ajoute que beaucoup de militants, à tous les niveaux de responsabilités syndicales, se posent des questions sur la possibilité de gagner.

Un syndicaliste du privé, qui vient d’adhérer au POI, souligne que ce sentiment de pression par la terreur pèse sur les consciences, notamment dans les petites entreprises du privé, et qu’il faut donc des réunions comme celle-là pour conforter les camarades.

Un militant estime nécessaire de développer le contenu de l’axe FO - CGT : il s’est construit sur le refus de la destruction des conquêtes de 1936 et 1945. Refuser la loi travail, c’est aborder les conditions de la réalisation de ces conquêtes, c’est refuser toutes les formes de pression visant à faire accepter de cogérer, comme la CFDT, les contre-réformes. Les comités de liaison et d'échange ont pour objectif d’aborder la question de la plateforme, c'est-à-dire discuter de l’issue, de ce qu'il faut pour que la classe ouvrière affirme ses exigences, et donc d’une certaine manière la question du pouvoir, pour mettre en œuvre les conditions matérielles de son existence. Sinon, on se retrouve dans la position de ce syndicaliste hospitalier de Toulon qui, suite à une tentative de suicide d'un personnel, dit à la presse : « Il n'y a plus assez de personnels, donc il faut supprimer les lits pour baisser la charge de travail » !

L'assemblée a décidé
  • de revoir tous les abonnés à Informations ouvrières pour avoir cet échange, renouveler les abonnements au journal et préparer avec eux l'organisation d'une nouvelle réunion de comité de liaison et d'échange,
  • de mandater un nouvel adhérent comme délégué du Var au Conseil fédéral national. Sous-traitant à l'arsenal de Toulon, syndicaliste, il explique pourquoi il a décidé d'adhérer au POI cet été :
J'adhère parce que je partage ce pourquoi combat le POI : la défense de la classe ouvrière. En travaillant dans une société privée, on a des salaires misérables : 1 450 euros avec 25 ans d'ancienneté. Ca suffit ! Le PS, Melenchon, ils ont arrêté de défendre les plus fragiles, ils font des compromis avec les capitalistes. Je pense que le POI est le seul parti qui fait barrage aux capitalistes.

Il y a un énorme travail à faire auprès des salariés du privé, qui sont dégoûtés de la politique, parce qu'ils ont été trahis de multiples fois. C'est à partir de mon activité syndicale que je vais pouvoir, petit à petit, organiser les collègues. J'ai commencé à diffuser Informations ouvrières et à en discuter avec un salarié de ma boîte, ancien militant du PCF. Il me dit : « Enfin de vraies nouvelles ! »

"On ne lâche rien !"

Editorial de Dominique Canut,
membre du bureau national du POI,
paru dans Informations ouvrières n° 418

Malgré l’état d’urgence prolongé de six mois et la chasse aux militants syndicaux, le 15 septembre s’annonce comme une nouvelle grande journée de grèves et de manifestations dans tout le pays, pour l’abrogation de la loi travail. Notons au passage que l’état d’urgence n’a pas empêché l’horrible attentat de Nice, ce qui m’oblige à penser qu’il avait essentiellement pour objectif de bâillonner, mais sans y parvenir, les rassemblements et manifestations pour le retrait du projet de la loi « Berger », heu… El Khomri. De fait, l’état d’urgence a pour but de museler les opposants à la politique monarchique de Hollande, car il a bien compris que c’est dans la rue que tout se joue.

« On ne lâche rien », ce slogan clamé dans les manifestations au printemps trouve donc, aujourd’hui, son prolongement dans l’unité syndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-UNEF-FIDL-UNL pour l’abrogation de cette loi scélérate.

Les Français souhaitent que les manifestations contre la loi Travail se poursuivent, les sondages de l'été l'ont mis en exergue. Ce qui montre le bien fondé des luttes, des actions, des grèves, des manifestations depuis début mars et démontre également que les organisations syndicales réformistes d’accompagnement apparaissent au grand jour comme des soutiens du patronat, de Bruxelles et de ce gouvernement en plein délitement qui a perdu toute légitimité, les ministres le quittant les uns après les autres. Ce qui, d’ailleurs, n’est pas sans poser de problèmes au sein d'organisations comme la CFDT, notamment avec ses militants ! Le bébé risque bien d’être jeté avec l’eau du bain… Berger trouve d’ailleurs inadmissible la déloyauté de ces ministres qui désertent.

Personne ne se plaindra du tournant opéré par la CGT lors de son dernier congrès à Marseille, marquant ainsi un changement dans son orientation en renonçant au syndicalisme rassemblé, instrument initié pour un rapprochement avec la CFDT.

Aujourd’hui, les conditions de ce rassemblement sont bien plus favorables du point de vue de la construction d’un front unique avec l’unité syndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-UNEF-FIDL-UNL qui tient bon et qui est capable de faire reculer le pouvoir, pour gagner l’abrogation de la loi travail.

Cette rentrée scolaire est marquée par un appel unitaire à la grève, le 8 septembre, des organisations syndicales SNES FSU, FO, CGT et SUD pour l'abrogation de la réforme du collège. Les raisons de la mobilisation des enseignants sont nombreuses… Juste deux exemples : en cette rentrée scolaire les nouveaux programmes des collèges doivent être couplés avec de nouveaux manuels, pourtant leur acquisition se fera sur deux années ! Au lycée Dumont d'Urville, de Toulon, les enseignants, réunis en assemblée générale avec les sections syndicales SNES et SNEP FSU, SUD Education, FO, SNALC, ont voté la grève, à partir du 2 septembre, pour exiger le rétablissement de deux classes de seconde supprimées et refusent des classes à 36, voire 37 élèves. Avec les parents d'élèves, plus de cent enseignants ont manifesté devant l'inspection académique du Var. N'ayant pas obtenu satisfaction ils ont décidé de reconduire la grève le 5 septembre et de manifester au rectorat de Nice.

La question posée à la classe ouvrière est quelle plate-forme lui faut-il pour faire front à la casse des acquis de 36 et 45. En ce sens les réunions des comités de liaison et d’échange qui s’organisent un peu partout dans le pays apportent un moyen d’y répondre.