Cette première réunion s'est tenue afin de préparer la rentrée et
le conseil fédéral national du POI des 10 et 11 septembre.
Dominique
Canut, membre du bureau national, a introduit la discussion en
rappelant la situation politique : le gouvernement est en pleine
déliquescence (Macron avait démissionné du gouvernement la
veille), mais il continue à frapper. Il a décidé de prolonger
l'état d'urgence, menaçant encore d'interdire les manifestations :
« C'est une
République monarchique, totalitaire ! ». Il
note que le 14 juillet à Nice, il y avait quelques dizaines de
policiers, alors que le 14 juin à Paris, ce sont des milliers de
policiers casqués qui encadraient la manifestation ouvrière contre
le gouvernement et sa loi travail.
Cela n'empêche pas les confédérations CGT, FO, FSU et Solidaires
d'appeler de nouveau avec les organisations de jeunesse aux
manifestations interprofessionnelles le 15 septembre pour
l'abrogation de la loi travail. Dans l'enseignement secondaire, les
mêmes organisations appellent à la grève le 8 septembre pour
l'abrogation de la réforme du collège. De nombreux militants
syndicalistes engagés dans ce combat sont aujourd'hui disponibles
pour échanger. Cela a permis de réaliser dans le Var trente abonnements
supplémentaires à Informations
ouvrières par rapport à
l'été 2015, et c'est avec ces mêmes militants que nous avons
organisé deux réunions de comités de liaison et d'échange avant
l'été, à l'arsenal et à La Seyne. Il y a des questions à
discuter : par exemple, revendiquer un « Code
du travail du 21e
siècle »,
n'est-ce pas équivalent au mot d'ordre « pour
une autre réforme des retraites »
en 2010, qui avait mené les salariés à l'échec avec la CFDT ?
Mais nous sommes dans un autre contexte aujourd'hui, et c'est l'unité
CGT et FO pour le retrait de la loi travail qui est l'élément
central de la situation.
Dans
la discussion, les militants ont fait état de l'importance des
cahiers d'Informations
ouvrières cet
été sur les grèves de 1936, d'un « armement
pour mieux connaître le passé pour mieux combattre aujourd'hui ».
Des syndicalistes font le parallèle entre l’assassinat du jeune
militant de l'Entente internationale des travailleurs en Haïti,
l'arrestation des deux dockers CGT du Havre le matin même, et le
licenciement du délégué CGT d'Air France :
« dans tous les cas, ils essayent de terroriser pour empêcher
la riposte ».
Mais les dockers n'acceptent pas, ils se sont mis en grève et la CGT
a publié un communiqué de protestation renforçant l'appel aux
manifestations du 15 septembre pour l'abrogation de la loi travail.
Un
enseignant est arrivé en retard parce qu'il sortait de l'assemblée
générale de son lycée à Toulon, avec 88 enseignants, le jour de
la pré-rentrée, qui ont décidé la grève dès la rentrée, le 2
septembre, avec les syndicats SNES et SNEP FSU, FO et Sud :
« Ils ont
supprimé deux classes de seconde, il y a 36 à 37 élèves par
classe ! Les enseignants n'acceptent pas, une demande d'audience
est faite au DASEN. L'appel adopté fait le lien avec la réforme du
collège et la loi travail. Dans la discussion de l’assemblée
générale, un enseignant a expliqué : ils nous parlent de
sécurité, mais ils ne sécurisent pas l’avenir des jeunes !
»
Un militant précise que selon lui, l’axe de résistance FO - CGT pour le refus de la loi travail se trouve conforté, même après les
vacances scolaires par la tenue du meeting de Nantes avec les
secrétaires des confédérations, et ajoute que beaucoup de
militants, à tous les niveaux de responsabilités syndicales, se
posent des questions sur la possibilité de gagner.
Un syndicaliste du privé, qui vient d’adhérer au POI, souligne
que ce sentiment de pression par la terreur pèse sur les
consciences, notamment dans les petites entreprises du privé, et
qu’il faut donc des réunions comme celle-là pour conforter les
camarades.
Un militant estime nécessaire de développer le contenu de l’axe FO - CGT : il s’est construit sur le refus de la destruction des conquêtes de 1936 et 1945. Refuser la loi travail, c’est aborder les conditions de la réalisation de ces conquêtes, c’est refuser toutes les formes de pression visant à faire accepter de cogérer, comme la CFDT, les contre-réformes. Les comités de liaison et d'échange ont pour objectif d’aborder la question de la plateforme, c'est-à-dire discuter de l’issue, de ce qu'il faut pour que la classe ouvrière affirme ses exigences, et donc d’une certaine manière la question du pouvoir, pour mettre en œuvre les conditions matérielles de son existence. Sinon, on se retrouve dans la position de ce syndicaliste hospitalier de Toulon qui, suite à une tentative de suicide d'un personnel, dit à la presse : « Il n'y a plus assez de personnels, donc il faut supprimer les lits pour baisser la charge de travail » !
L'assemblée a décidé
- de revoir tous les abonnés à Informations ouvrières pour avoir cet échange, renouveler les abonnements au journal et préparer avec eux l'organisation d'une nouvelle réunion de comité de liaison et d'échange,
- de mandater un nouvel adhérent comme délégué du Var au Conseil fédéral national. Sous-traitant à l'arsenal de Toulon, syndicaliste, il explique pourquoi il a décidé d'adhérer au POI cet été :
J'adhère parce que je partage ce pourquoi combat le POI : la
défense de la classe ouvrière. En travaillant dans une société
privée, on a des salaires misérables : 1 450 euros avec 25 ans
d'ancienneté. Ca suffit ! Le PS, Melenchon, ils ont arrêté de
défendre les plus fragiles, ils font des compromis avec les
capitalistes. Je pense que le POI est le seul parti qui fait barrage
aux capitalistes.
Il
y a un énorme travail à faire auprès des salariés du privé, qui
sont dégoûtés de la politique, parce qu'ils ont été trahis de
multiples fois. C'est à partir de mon activité syndicale que je
vais pouvoir, petit à petit, organiser les collègues. J'ai commencé
à diffuser Informations
ouvrières et à
en discuter avec un salarié de ma boîte, ancien militant du PCF. Il
me dit : « Enfin
de vraies nouvelles ! »