samedi 1 avril 2017

Rade de Toulon

Dockers, ouvriers de DCNS, agents de la DDTM :
tous « sur le pont » avec leurs organisations syndicales,
pour refuser la destruction
des emplois, des statuts, des missions

Industrie, réparation navale, services de l’État, sont historiquement situés sur le littoral de cette rade, « ce qui empêche le déploiement du tourisme de croisière » (dixit les responsables de l'agglomération de Toulon).

A La Seyne, après la disparition des chantiers navals, reste sur le port de Brégaillon le trafic Ro-ro d’un transporteur turc (camions en direction de toute l’Europe).
A Toulon, sont situés côte à côte : DCNS et l’Arsenal, et la DDTM.
Ces trois activités sont confrontées à des décisions qui signifient leur complète liquidation. En effet,

→ Les responsables du trafic maritime turc viennent d’annoncer que, faute de renforcement des infrastructures portuaires par la chambre de commerce, et notamment la réinstallation de la ligne ferroviaire reliant le port et la gare SNCF de La Seyne, ils seraient contraints « d’aller voir ailleurs », très certainement du côté de Marseille.
C’est dans ces mêmes conditions que la société Bouygues a annoncé en ce début d’année l’abandon de la production de matériaux pour le chantier pharaonique de l’extension de Monaco, considérant que la commune de La Seyne exigeait trop de garanties face aux contraintes (bruit) générées par ce projet (circulation de centaines de camions).
Retrait qui a occasionné l’abandon de plusieurs dizaines d’emplois projetés sur la carrière devant produire ces matériaux et sur le port de Brégaillon.

→ Le PDG de DCNS a décidé, face à la résistance des personnels et de leurs organisations syndicales, essentiellement la CGT, de renégocier la totalité des relations de travail, conduisant à encore plus de productivité (poursuite de la chute des effectifs, remise en cause de l'accord d'entreprise), ainsi qu’une réorientation de la production vers l’international et autres activités impliquant l’abandon progressif du « métier » historique du site de Toulon : la réparation navale militaire, vouée à « l’externalisation » massive.

→ la DDTM est l’un des services de l’État confronté à l’effondrement des effectifs et à la disparition de ses missions elles aussi « historiques » (assurées par les ex-DDE et DDAF), suite aux transferts successifs aux collectivités locales, aux Préfets, et au privé. 200 agents y sont encore présents, dans des bâtiments situés sur le port et revendiqués par l’agglomération toulonnaise et son président Hubert Falco qui veut faire de la rade de Toulon le « premier port méditerranéen de la croisière ».

Le point commun de toutes ces attaques, c’est la liquidation des « productions », qu’elles soient industrielles ou publiques, et les emplois qualifiés qui y sont liés, face aux exigences des banques et de ce ceux qui en détiennent les principaux avoirs, impliqués dans les marchés du tourisme (dont les « tour-opérateurs ») et de l’armement.
Les personnels dockers de la CGMV, les ouvriers à statut ou sous convention collective de DCNS, et les fonctionnaires de la DDTM ne l’acceptent pas, et ont multiplié les actions avec leurs organisations syndicales, principalement la CGT et FO.

• Une manifestation de 60 dockers avec leur syndicat CGT a décidé de s’adresser au maire de La Seyne, membre du PS, qui a accepté de les recevoir vendredi 17 mars, en présence de son adjoint, membre du PCF. Ces derniers leur ont affirmé « leur total soutien à la mobilisation et aux revendications », en précisant leur intention de déposer une motion lors de la prochaine assemblée de l’agglomération.
Fort bien, ont répondu les dockers, mais l’un d’eux, militant CGT, a déclaré « vous savez très bien que vous êtes minoritaire dans cette assemblée, alors pourquoi ne pas sortir de cette instance et nous rejoindre ? Votre place n’est-elle pas avec nous, devant la manifestation, en mobilisant tous vos militants, toute la population, et donc si nécessaire en bloquant avec nous la ville pour exiger le maintien de tous les emplois et la réfection du réseau ferré ? »

• Dans le même temps, les ouvriers de DCNS, avec leur syndicat CGT, poursuivent les actions, dont une pétition signée à ce jour par plus de 600 salariés, pour dire « RETRAIT du projet de réorganisation du temps de travail », ce qui a entraîné des pétitions équivalentes dans les autres sites de DCNS, avec plus de 4 000 signataires.

• Dans le même temps, les agents de la DDTM du Var, avec leurs organisations syndicales FO et CGT, considérant l’identité des attaques avec celles auxquelles sont confrontés les collègues hospitaliers, décidaient d’appeler à la grève et à la manifestation le 7 mars dernier en même temps qu’eux pour exiger le retrait du PPCR et le maintien de toutes les missions publiques, donc des effectifs.

Grèves, manifestations, qui, comme le disait le responsable CGT de DCNS lors d’un rassemblement le 21 mars, posent la question « de l’unité de tous ces combats, pour arrêter tous ces plans destructeurs, pour réaffirmer nos missions, nos savoir-faire, nos acquis statutaires ».

Dans cette situation, les discussions ne cessent d’avoir lieu, dans les réunions du POI, dans celle du comité local d’échanges (CLE), où l’un des présents, responsable du syndicat CGT de l’AIA de Cuers, renouvelait l’exigence que les fédérations appellent à une manifestation nationale de tous les salariés de la Défense.

Discussions qui ont conduit à la désignation de plusieurs camarades du Var à la conférence nationale des délégués des CLE, le 25 mars à Paris, dont trois camarades de DCNS et de la DDTM (un docker de La Seyne étant empêché pour raison familiale).