jeudi 20 décembre 2018

Macron : les patrons ne paieront rien

Editorial d'Informations ouvrières n° 533

Dominique Canut,
membre du Bureau national du POI

De manière très solennelle, lundi soir, Emmanuel Macron a annoncé un certain nombre de mesures qui montrent que, oui, il est possible de le faire reculer. Mais est-ce suffisant ? Bien évidemment NON !

Les gilets jaunes et le mouvement ouvrier considèrent à juste titre que ces mesures sont loin du compte. Mais pire, ils savent que ce sont les salariés, les travailleurs et les retraités qui paieront ces mesures. L’« augmentation du SMIC » est un mensonge : son taux horaire n’augmente pas, il s’agit de la prime d’activité. Cela se fera sans que le patronat ne mette la main à la poche. Les heures supplémentaires défiscalisées, comme l’avait fait Sarkozy en 2007 et 2012, seront désocialisées, c’est-à-dire exemptes de cotisations sociales et patronales. Au-delà du fait que les heures supplémentaires génèrent du chômage, qui effectue des heures supplémentaires régulièrement ?

Rien concernant les retraités qui ont vu leur pouvoir d’achat s’effondrer, leurs pensions ayant été désindexées de l’augmentation des prix. Vingt-cinq euros, voilà le cadeau de Macron en restituant la hausse de la CSG – et encore, pas pour tous – seulement à ceux qui ont une pension jusqu’à 2 000 euros. Aucune augmentation du point d’indice pour les 5,2 millions de fonctionnaires… Les exonérations pour les patrons continuent, pas un centime ne sortira de leur poche. C’est une nouvelle fois la sacralisation du capital. Pourtant, la fraude, l’évasion et l’optimisation fiscales, le CICE et toutes les mesures dites pour l’emploi s’évaluent à des centaines de milliards, et pour quels résultats ? Ce serait à la solidarité nationale de s’autofinancer. Ce sont les travailleurs, les jeunes, les retraités, qui devraient payer les mesures annoncées par Macron. Et il annonce déjà qu’il faudra tenir le cap du budget pour garder les 3 % de déficit exigés par Bruxelles. C’est-à-dire moins de services publics, moins de fonctionnaires, moins d’écoles publiques, moins d’hôpitaux, moins de tout ! Macron reste dans sa logique, il en appelle même à l’aide des partis politiques et des directions des organisations syndicales pour qu’au final les ultra-riches soient toujours plus préservés.

Mais les gilets jaunes ne s’y trompent pas, ils sont toujours déterminés, leur mobilisation reste intacte et ils ne renoncent pas à l’action. « Macron démission », cette clameur concentre en elle-même toute la colère qu’expriment les gilets jaunes.

De la même manière, dans les entreprises, les services, s’organisent des assemblées générales avec les organisations syndicales pour qualifier les revendications et pour décider y compris de la grève pour les faire aboutir.

Macron n’a rien annoncé concernant les revendications des lycéens, sur la réforme du bac, sur Parcoursup, etc. alors que ces revendications sont profondément ancrées chez les lycéens. Son seul mot d’ordre : les patrons ne paieront rien. Sous une forme ou sous une autre, la jonction entre les gilets jaunes et le mouvement ouvrier s’organise et paraît maintenant inévitable.