« La
question n’est pas de savoir si on est optimiste ou pas,
mais
« est-ce qu’on a le choix ? »
Mercredi
24 février, 12 militants, membres du POI ou
pas, syndicalistes CGT ou FO, travaillant à DCNS, dans
l’enseignement, à l'équipement, aux finances publiques, à
l'hôpital, et dans le secteur culturel et social, se sont réunis
pour préparer la tenue d’une conférence départementale en vue de
rassembler une délégation du Var pour la conférence nationale du 4
juin.
La réunion
se tenait après l'annonce du projet de loi El Khomri, et au
lendemain d'un communiqué cosigné par 9 organisations syndicales,
dont la CFDT et la CGT, qui demandait de modifier le projet.
L'introduction a repris la question de la déclaration du bureau
national du POI : « Comment
Hollande peut-il se permettre de poursuivre et d’assumer une
politique qui est rejetée massivement par les travailleurs de ce
pays et qui dresse contre elle toutes les catégories de la
population ? »
Voici
quelques extraits des échanges.
Un
syndicaliste de la fonction publique a expliqué pourquoi son
syndicat a décidé d'envoyer un soutien financier aux agents des
finances publiques de Vierzon en grève depuis un mois avec leurs
syndicats pour dix embauches. « Sont-ils
fous de partir seuls en grève dans ce service ? Comment
Hollande peut-il continuer ? Je considère que les agents de
Vierzon nous montrent la voie. Sinon, le petit jeu de
l'accompagnement du gouvernement se met en place : le communiqué
CFDT-CGT, c'est comme en 2010, « pour
une autre réforme des retraites »,
et pas « retrait » !»
Un
autre précise : « On m'a
demandé si je préférais le FN ou Hollande... La question des urnes
est mise en avant, alors que la démocratie doit être un exercice au
quotidien. Il ne peut rien sortir de bon des urnes actuellement. Donc
c'est la question de la grève qui est posée. La question du pouvoir
est posée, mais pas dans les urnes ! »
Une
militante de DCNS continue : « Tout
le monde dit que la solution c'est la grève, mais on ne discute pas
comment arriver à faire cette grève. Le problème, c'est un jour
les hôpitaux, après c'est l'industrie... jamais ensemble ! Les
dirigeants ne font rien pour réunir, on se sent démunis. Il faut
cette grève générale, mais je n'ai pas l'impression qu'il y ait
une grande prise de conscience permettant d’arriver à cela. »
Une
syndicaliste des finances répond en revenant sur la grève de
Vierzon : « Le 18 janvier,
quand ils ont commencé la grève, on ne sentait pas le
bouillonnement non plus. Pourtant, ils ont reconduit depuis un mois.
J'étais à une réunion des organisations CGT des trois fonctions
publiques avant le 26 janvier, avec Philippe Martinez. A la demande
d'un appel public-privé, il a seulement répondu qu'il « passerait
à la manifestation ». Dans les documents préparatoires au
prochain congrès de la CGT, il est écrit que « la CGT est
viscéralement attachée au syndicalisme rassemblé ». Le
résultat, pour la loi El Khomri, c'est le plus petit dénominateur
commun avec la CFDT. »
Une
militante ajoute : « La
colère existe. Le rôle de la conférence, c'est de discuter des
obstacles à la mobilisation et des réponses à y apporter. Le
gouvernement et le patronat sont en train de reprendre tous les
acquis, et pour cela, ils voudraient détruire les organisations
syndicales. Je suis déléguée en CAP des adjoints administratifs :
même avec une promotion on ne gagne qu’un point d’indice !
Alors il y a une colère générale qui est bien réelle, et
d’ailleurs à quoi servent la prise en compte des risques psychosociaux ?
Uniquement à tenter de nous faire accompagner cette violence contre
les agents, contre tous leurs acquis. Le code du travail de Valls,
c’est une violence généralisée contre la classe ouvrière, comme
cette possibilité de travailler 46 h. C’est une violence contre
tout ce qui a été arraché par le combat de classe avec ses
organisations depuis 1936 et 1945. Nous avons décidé de publier un
tract du syndicat par semaine pour expliquer les articles de la loi
El Khomri. Je comprends les doutes, mais la question n'est pas
selon moi de savoir si on est optimistes ou pas, mais « est-ce
qu'on a le choix ? »
La
camarade de DCNS conclut : « Tout ce
que vous dites c’est bien, ça risque de prendre du temps, mais il
faut aussi s’adresser à la jeunesse. »
Pour
terminer, un syndicaliste hospitalier a expliqué comment dans son
service des urgences, c'est l'assemblée des personnels qui a établi
le cahier de revendications, ce qui a permis que le syndicat
majoritaire les prenne en compte, permettant d'obtenir satisfaction
sur plusieurs demandes.
Tous
les présents ont décidé de préparer la conférence départementale
fixée au mercredi 27 avril. Une première collecte financière a
permis de rassembler 43 € pour le transport des militants qui
participeront à la conférence nationale du 4 juin. Un délégué a
d’ores et déjà été désigné : Jean Sébastien,
syndicaliste CGT à DCNS. Décision de publier un compte-rendu pour
Informations Ouvrières dont la vente permettra de susciter d’autres
contributions.
Depuis
la réunion, les unions départementales CGT et FO du Var ont pris
position, comme de nombreuses autres organisations, pour le retrait
du projet de loi El Khomri, et ont appelé ensemble sur ce mot
d’ordre à un rassemblement le 9 mars à Toulon.