mardi 29 mars 2016

Toulon, débat avant la Conférence nationale du 4 juin

Article paru dans Informations ouvrières n° 393

« La question n’est pas de savoir si on est optimiste ou pas,
mais « est-ce qu’on a le choix ? »

Mercredi 24 février, 12 militants, membres du POI ou pas, syndicalistes CGT ou FO, travaillant à DCNS, dans l’enseignement, à l'équipement, aux finances publiques, à l'hôpital, et dans le secteur culturel et social, se sont réunis pour préparer la tenue d’une conférence départementale en vue de rassembler une délégation du Var pour la conférence nationale du 4 juin.

La réunion se tenait après l'annonce du projet de loi El Khomri, et au lendemain d'un communiqué cosigné par 9 organisations syndicales, dont la CFDT et la CGT, qui demandait de modifier le projet. L'introduction a repris la question de la déclaration du bureau national du POI : « Comment Hollande peut-il se permettre de poursuivre et d’assumer une politique qui est rejetée massivement par les travailleurs de ce pays et qui dresse contre elle toutes les catégories de la population ? »
Voici quelques extraits des échanges.

Un syndicaliste de la fonction publique a expliqué pourquoi son syndicat a décidé d'envoyer un soutien financier aux agents des finances publiques de Vierzon en grève depuis un mois avec leurs syndicats pour dix embauches. « Sont-ils fous de partir seuls en grève dans ce service ? Comment Hollande peut-il continuer ? Je considère que les agents de Vierzon nous montrent la voie. Sinon, le petit jeu de l'accompagnement du gouvernement se met en place : le communiqué CFDT-CGT, c'est comme en 2010, « pour une autre réforme des retraites », et pas « retrait » 

Un autre précise : « On m'a demandé si je préférais le FN ou Hollande... La question des urnes est mise en avant, alors que la démocratie doit être un exercice au quotidien. Il ne peut rien sortir de bon des urnes actuellement. Donc c'est la question de la grève qui est posée. La question du pouvoir est posée, mais pas dans les urnes ! »

Une militante de DCNS continue : « Tout le monde dit que la solution c'est la grève, mais on ne discute pas comment arriver à faire cette grève. Le problème, c'est un jour les hôpitaux, après c'est l'industrie... jamais ensemble ! Les dirigeants ne font rien pour réunir, on se sent démunis. Il faut cette grève générale, mais je n'ai pas l'impression qu'il y ait une grande prise de conscience permettant d’arriver à cela. »

Une syndicaliste des finances répond en revenant sur la grève de Vierzon : « Le 18 janvier, quand ils ont commencé la grève, on ne sentait pas le bouillonnement non plus. Pourtant, ils ont reconduit depuis un mois. J'étais à une réunion des organisations CGT des trois fonctions publiques avant le 26 janvier, avec Philippe Martinez. A la demande d'un appel public-privé, il a seulement répondu qu'il « passerait à la manifestation ». Dans les documents préparatoires au prochain congrès de la CGT, il est écrit que « la CGT est viscéralement attachée au syndicalisme rassemblé ». Le résultat, pour la loi El Khomri, c'est le plus petit dénominateur commun avec la CFDT. »

Une militante ajoute : « La colère existe. Le rôle de la conférence, c'est de discuter des obstacles à la mobilisation et des réponses à y apporter. Le gouvernement et le patronat sont en train de reprendre tous les acquis, et pour cela, ils voudraient détruire les organisations syndicales. Je suis déléguée en CAP des adjoints administratifs : même avec une promotion on ne gagne qu’un point d’indice ! Alors il y a une colère générale qui est bien réelle, et d’ailleurs à quoi servent la prise en compte des risques psychosociaux ? Uniquement à tenter de nous faire accompagner cette violence contre les agents, contre tous leurs acquis. Le code du travail de Valls, c’est une violence généralisée contre la classe ouvrière, comme cette possibilité de travailler 46 h. C’est une violence contre tout ce qui a été arraché par le combat de classe avec ses organisations depuis 1936 et 1945. Nous avons décidé de publier un tract du syndicat par semaine pour expliquer les articles de la loi El Khomri. Je comprends les doutes, mais la question n'est pas selon moi de savoir si on est optimistes ou pas, mais « est-ce qu'on a le choix ? »

La camarade de DCNS conclut « Tout ce que vous dites c’est bien, ça risque de prendre du temps, mais il faut aussi s’adresser à la jeunesse. »

Pour terminer, un syndicaliste hospitalier a expliqué comment dans son service des urgences, c'est l'assemblée des personnels qui a établi le cahier de revendications, ce qui a permis que le syndicat majoritaire les prenne en compte, permettant d'obtenir satisfaction sur plusieurs demandes.

Tous les présents ont décidé de préparer la conférence départementale fixée au mercredi 27 avril. Une première collecte financière a permis de rassembler 43 € pour le transport des militants qui participeront à la conférence nationale du 4 juin. Un délégué a d’ores et déjà été désigné : Jean Sébastien, syndicaliste CGT à DCNS. Décision de publier un compte-rendu pour Informations Ouvrières dont la vente permettra de susciter d’autres contributions.

Depuis la réunion, les unions départementales CGT et FO du Var ont pris position, comme de nombreuses autres organisations, pour le retrait du projet de loi El Khomri, et ont appelé ensemble sur ce mot d’ordre à un rassemblement le 9 mars à Toulon.