vendredi 17 juin 2016

Rien ne sera plus comme avant

Editorial de Dominique Canut, membre du bureau national du POI,
dans Informations ouvrières n° 406

Comme annoncé par les organisateurs (CGT, FO, FSU, Union syndicale Solidaires, Unef, UNL, FIDL), le 14 juin a été une formidable et puissante journée de manifestation nationale à Paris et à travers toute la France, mais également de grèves pour le retrait du projet de loi travail, dite loi «Valls-Gattaz-Berger», pour le refus absolu de « l’inversion de la hiérarchie des normes ».

Déjà le 9 mars avait été aussi un véritable succès, tout d’abord parce que cette journée avait réuni plus de 500 000 manifestants sur tout le territoire, mais aussi du point de vue du caractère unitaire réalisé depuis longtemps, hormis les syndicats d’accompagnement. Depuis début mars, plusieurs grèves ont été organisées, des corporations rassemblant des dizaines de milliers de travailleurs se sont mises en grève, des blocages, des manifestations, des rassemblements, des caisses de solidarité ont été constituées, mises en place partout en France. Mais surtout, surtout, l’axe CGT / CGT-FO a tenu et tient toujours sur les revendications de défense de ses conquêtes sociales et collectives, face au gouvernement qui n’a « d’amour » que pour les injonctions européennes et le patronat, mais aussi face au MEDEF qui n’a « d’amour » que pour la CFDT. Jamais le MEDEF n’a eu autant d’influence politique que sous le quinquennat de François Hollande : 41 milliards d’euros pour le pacte dit de responsabilité et 20 milliards pour le CICE qui vont dans les poches du patronat sans aucune contrepartie, et le passage en force du projet de loi à l’aide du 49-3 à l’Assemblée Nationale pour détruire le code du travail, livrant les salariés à une concurrence effroyable et à une course au dumping social. Pour un gouvernement qui se dit de gauche c’est pas mal, non ?

Cette journée du 14 juin, son ampleur, constitue une étape majeure dans la construction de l’émancipation de la classe ouvrière. Elle prouve que la lutte de classe est toujours d’actualité, mais également bien vivante, comme l’indique par ailleurs un récent sondage Odoxa–MCI, pour près de 69 % des personnes interrogées. Has been la lutte des classes ? Erreur ! C’est 5 points de plus qu'il y a trois ans.

Les travailleurs savent que ce ne seront pas les urnes qui feront cesser cette politique de casse des acquis de 1936 et 1945. Pourtant l’exaspération grandit et les travailleurs veulent défaire ce gouvernement et sa politique. En ce sens, il y a sans aucun doute lieu de réfléchir, ensemble, à une représentation politique de la classe ouvrière et donc à la forme qu’elle prendra.

1 800 militants ouvriers réunis le 4 juin dernier, lors d’une conférence nationale pour la défense des conquêtes arrachées en 1936 et 1945, ont engagé la discussion pour chercher à répondre à cette question, en proposant sans attendre la constitution de « comités de liaisons et d’échange », sans remettre en cause l’appartenance de chacun, que ce soit sur le plan syndical ou politique. Ce sera de cette démarche qu’une plate-forme politique pourra voir le jour.

Nous attendons vos contributions au journal Informations ouvrières, tribune libre de la lutte des classes.