Editorial
de Dominique Canut, membre du bureau national du POI,
dans Informations
ouvrières n° 406
Comme
annoncé par les organisateurs (CGT, FO, FSU, Union syndicale
Solidaires, Unef, UNL, FIDL), le 14 juin a été une formidable et
puissante journée de manifestation nationale à Paris et à travers
toute la France, mais également de grèves pour le retrait du projet
de loi travail, dite loi «Valls-Gattaz-Berger», pour le refus absolu
de « l’inversion de la hiérarchie des normes ».
Déjà
le 9 mars avait été aussi un véritable succès, tout d’abord
parce que cette journée avait réuni plus de 500 000 manifestants
sur tout le territoire, mais aussi du point de vue du caractère
unitaire réalisé depuis longtemps, hormis les syndicats
d’accompagnement. Depuis début mars, plusieurs grèves ont
été organisées, des corporations rassemblant des dizaines de
milliers de travailleurs se sont mises en grève, des blocages, des
manifestations, des rassemblements, des caisses de
solidarité ont été constituées, mises en place partout
en France. Mais surtout, surtout, l’axe CGT / CGT-FO a tenu et
tient toujours sur les revendications de défense de ses
conquêtes sociales et collectives, face au gouvernement qui n’a
« d’amour » que pour les injonctions européennes
et le patronat, mais aussi face au MEDEF qui n’a « d’amour »
que pour la CFDT. Jamais le MEDEF n’a eu autant d’influence
politique que sous le quinquennat de François Hollande : 41
milliards d’euros pour le pacte dit de responsabilité et 20
milliards pour le CICE qui vont dans les poches du patronat sans
aucune contrepartie, et le passage en force du projet de loi à
l’aide du 49-3 à l’Assemblée Nationale pour détruire le code
du travail, livrant les salariés à une concurrence effroyable et à
une course au dumping social. Pour un gouvernement qui se dit de
gauche c’est pas mal, non ?
Cette
journée du 14 juin, son ampleur, constitue une étape majeure dans
la construction de l’émancipation de la classe ouvrière. Elle
prouve que la lutte de classe est toujours d’actualité, mais
également bien vivante, comme l’indique par ailleurs un récent
sondage Odoxa–MCI, pour près de 69 % des personnes
interrogées. Has been la lutte des classes ? Erreur
! C’est 5 points de plus qu'il y a trois ans.
Les
travailleurs savent que ce ne seront pas les urnes qui feront cesser
cette politique de casse des acquis de 1936 et 1945. Pourtant
l’exaspération grandit et les travailleurs veulent défaire ce
gouvernement et sa politique. En ce sens, il y a sans aucun doute
lieu de réfléchir, ensemble, à une représentation politique de la
classe ouvrière et donc à la forme qu’elle prendra.
1
800 militants ouvriers réunis le 4 juin dernier, lors d’une
conférence nationale pour la défense des conquêtes arrachées en
1936 et 1945, ont engagé la discussion pour chercher à
répondre à cette question, en proposant sans attendre la
constitution de « comités de liaisons et d’échange »,
sans remettre en cause l’appartenance de chacun, que ce soit sur le
plan syndical ou politique. Ce sera de cette démarche qu’une
plate-forme politique pourra voir le jour.
Nous
attendons vos contributions au journal Informations
ouvrières, tribune libre de la lutte des classes.