mercredi 1 mai 2019

Liberté de manifester et d’expression à défendre


Editorial de Dominique Canut, membre du Bureau national du POI
Publié dans Informations ouvrières n° 550

L’actualité sociale est une nouvelle fois la mobilisation constante des Gilets jaunes lors de ce vingt-troisième samedi, malgré toutes les tentatives pour la briser et terroriser tous ceux qui pourraient y participer.

Les revendications de Gilets jaunes rejoignent celles des travailleurs, des retraités... C’est pourquoi les convergences entre les Gilets jaunes et les syndicats se multiplient. De nombreux comités de résistance et de reconquête des acquis de 1936 et de 1945 se constituent, rassemblant des milliers de militants de divers horizons, politiques, syndicalistes, et la participation de plus en plus de Gilets jaunes.

Pour Macron, tout doit y passer ! Il veut détruire les garanties ouvrières et démocratiques, avec la remise en cause des droits de la population, avec le projet de loi Dussopt de liquidation du statut de la fonction publique et des services publics.

L’édition 2019 du baromètre annuel Kantar-La Croix sur la confiance dans les médias montre que 69 % des sondés pensent que les journalistes ne sont pas indépendants des partis politiques et du pouvoir, et 62 % pensent qu’il y a des pressions de l’argent. La confiance des Français n’est que de 38 % vis-à-vis des médias télévisés (moins dix points en un an). Une vingtaine de manifestants vêtus de noir ont scandé « Suicidez-vous » en s’adressant à la police. Les médias télévisés ont en boucle commenté ces propos, en appelant à l’aide le très médiatisé psychiatre Cyrulnik, qui fustige régulièrement le mouvement des Gilets jaunes, en généralisant cet événement. Samedi, à 15 heures, « sans coup-fait-rire », Cnews annonçait 6 700 manifestants à Paris et 14 044 contrôles préventifs... Gag ! Mais les Français ne sont pas dupes. D’ailleurs, Reporters sans frontières place, cette année encore, la France au trente-deuxième rang mondial concernant la liberté de la presse !

Mais pire, le pouvoir tisse méthodiquement son appareil répressif. En effet, en janvier, Médiapart ainsi que l’Association des médecins urgentistes de France ont révélé que les Gilets jaunes blessés sont bien fichés dès leur arrivée dans les hôpitaux dans un fichier dit Si-Vic, permettant la traçabilité en cas d’attentat, et accessible au ministère de l’Intérieur.

Lors de cet acte XXIII, deux journalistes indépendants ont été interpellés, selon le parquet de Paris, et l’un d’entre eux a été placé en garde à vue pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations ». Le Syndicat national des journalistes a réagi, demandant au gouvernement de respecter la liberté d’informer et de ne pas bafouer l’État de droit.

Une autre « grande question » fait l’actualité médiatique : faut-il supprimer un jour férié pour financer la baisse des impôts, ou pour financer la dépendance des personnes âgées ? Pourquoi pas les deux, mon général !

En somme, toujours prendre dans les mêmes poches, épargner à nouveau le capital. Il n’est pas nécessaire de sortir de l’ENA, comme Macron, pour proposer cette politique d’économie libérale. Pourtant, il est maintenant largement admis que l’évasion fiscale s’élève à cent milliards par an...