Article paru dans Informations ouvrières :
“Nous irons jusqu’au bout
pour obtenir le respect des engagements écrits du gouvernement”
Mardi 24 juin, à l’appel des syndicats CGT, CFE-CGC, FO, CFTC, SAMM, CFDT, les marins, officiers et sédentaires de la SNCM en grève se sont rassemblés dans une salle du Danielle Casanova, amarré en bout de quai à Marseille.
Une assemblée générale massive s’est tenue. Précisons que la grève, fixée à partir de 6 heures du matin, conduisait à devoir coordonner les assemblées de marins réunies sur les navires amarrés sur chacun des ports où la grève les avait arrêtés.
En discutant avec plusieurs marins avant le début de l’assemblée, se dégage une position commune fondée sur un certain nombre de considérants :
— « Il ne reste plus que la grève, car le début de la saison estivale va commencer et le gouvernement n’a toujours pas mis en oeuvre les engagements qu’il avait pourtant signés concernant notamment, d’une part, la commande des quatre navires à STX Saint-Nazaire et, d’autre part, la publication du décret dit “du pays d’accueil” définissant les mêmes contraintes sociales pour tout marin navigant dans les eaux territoriales françaises. »
— « Cette grève est notre “ultime” combat : au bout, on obtient la mise en oeuvre effective de ces engagements, ou alors c’est la liquidation. Donc nous irons jusqu’au bout pour l’obtenir. »
L’assemblée est introduite par les interventions de chacun des responsables syndicaux signataires de l’appel à la grève. Tous reviennent sur les enjeux de cette grève, ceux de la préservation d’une compagnie maritime nationale navigant sous pavillon français, pour l’exercice d’un service public de continuité territoriale.
C’est la seule garantie permettant de ne pas laisser le champ libre à une compagnie dérogeant au droit français, qui, utilisant tous les outils de la « concurrence libre et non faussée », constituera un monopole privé aboutissant à très court terme à une augmentation des tarifs pour tous les passagers (comme cela a eu lieu en Sardaigne), en y ajoutant les conditions de sécurité dégradées.
Ainsi, il y a quelques jours, un ferry de la Corsica Ferries a touché un haut-fond, occasionnant une voie d’eau, ce qui ne l’a pas empêché de continuer à naviguer durant deux jours.
“75 % DES MARINS ET DES SÉDENTAIRES EN GRÈVE”
La discussion a essentiellement porté sur les actions qui devaient ponctuer la grève, considérant, comme le disait l’un des marins, qu’« il est hors de question de rester sur notre quai à attendre que les réponses arrivent ».
Ont été portés à la connaissance de l’assemblée l’appel à la grève de l’ensemble des marins et des sédentaires par la fédération CGT des syndicats maritimes le 26 juin, pour exiger la publication du décret « Etat d’accueil », et la lettre ouverte aux élus de l’Assemblée de Corse par toutes les organisations syndicales ayant déposé le préavis de grève.
Cette lettre ouverte leur demande d’exiger également du gouvernement le respect de ses engagements, notamment celui du décret « Etat d’accueil » en précisant : « Il est vrai que les salariés détachés des 27 pays de l’Union européenne, sans droits sociaux et dans la précarité, avec des navires de 30 à 40 ans d’âge, ça coûte moins cher que les marins sous pavillon français premier registre avec des navires de nouvelle génération fonctionnant au gaz liquéfié toute l’année entre les ports de la continuité territoriale, au service des usagers et de l’emploi, dans le plus grand respect de l’environnement. »
La grève (reconductible tous les jours) est votée à l’unanimité des présents, le secrétaire de la CGT, Frédéric Alpozzo, précisant sous les applaudissements qu’elle était suivie, ce premier jour de grève, par 75 % des marins et des sédentaires.
GL