Franck Servel,
membre du Bureau national du POI
La grève et les
manifestations du 31 mars 2016 feront date. Plus d'un million de
manifestants, travailleurs et jeunes avec leurs organisations :
l'ampleur de la mobilisation pour le retrait de la loi travail marque
la situation. Dès le lendemain, le journal patronal Les Echos
est obligé de constater la hausse de la mobilisation, et ajoute que « cela maintient l'exécutif sous pression, alors que le
chef de l 'Etat est affaibli par son échec sur la réforme
constitutionnelle et par des mauvais sondages ».
Mais nous avons déjà
connu des manifestations de masse... pas forcément victorieuses,
comme en 2010 contre la réforme des retraites. En 2010, la CGT et la
CFDT demandaient « une autre réforme des retraites », et
pas le retrait du projet de loi.
Il y avait ce 31 mars, au
moins deux différences déterminantes par rapport à 2010 :
d’une part, la CFDT a fait officiellement allégeance au
gouvernement, tandis que la CGT et FO, avec la FSU, Solidaires et les
syndicats étudiants et lycéens, se prononcent pour le retrait du
projet de loi El Khomri. Le communiqué commun de ces organisations,
au soir du 31 mars, appelle à deux nouvelles journées de grèves et
de manifestations, les 5 et 9 avril, et conclut en ces termes:
« Si le gouvernement ne répond pas, les organisations
syndicales CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL resteront
déterminées à poursuivre et amplifier la mobilisation pour obtenir
le retrait du projet de loi travail et à conquérir de nouveaux
droits sociaux y compris par les manifestations et la grève
interprofessionnelle. »
Et d’autre part, la
question de « l’alternance » politique qui se profilait
en 2010 se pose d’une toute autre manière en 2016 : on a vu
cette pancarte d’un manifestant proclamant « 9 ans de
Sarkozy, ça suffit ! », qui résume assez bien les
questions qui sont posées à tout le mouvement ouvrier, à ses
militants à tous les niveaux, et qui exprimait le caractère
politique de la grève et des manifestations du 31 mars 2016.
Le dernier communiqué du
bureau national du POI s’inscrit dans cette réflexion en ces
termes « Le projet de loi contre le
Code du travail ne concentre-t-il pas et ne fédère-t-il pas dans un
même mouvement le rejet de ce gouvernement par toutes les catégories
de la population laborieuse ?
Comment faire pour, tous ensemble, public,
privé, obtenir le retrait de ce projet et donc que soit stoppé ce
gouvernement ? Toutes ces questions sont en débat parmi les
travailleurs, les militants, les élus. Répétons-le : comment
est-il possible qu’un gouvernement à ce point déconsidéré et
rejeté puisse continuer à porter des coups destructeurs d’une
telle ampleur ? ».
En effet, les
contributions et interviews rassemblées semaine après semaine dans
les pages « Tribune » d'Informations ouvrières
et dans les réunions préparatoires à la conférence nationale du 4
juin en défense des conquêtes de 1936 et 1945 le confirment :
c'est par la libre discussion que les travailleurs dégageront les
voies et les moyens pour aider à la construction du mouvement qui
bloquera la politique du gouvernement et, dans le même temps, les
formes d’une issue politique.
C'est cette discussion
que nous vous proposons de poursuivre et mener en préparant ensemble
la conférence du 4 juin.