vendredi 15 avril 2016

Après le 31 mars

Editorial d'Informations ouvrières n° 396

Franck Servel,
membre du Bureau national du POI

La grève et les manifestations du 31 mars 2016 feront date. Plus d'un million de manifestants, travailleurs et jeunes avec leurs organisations : l'ampleur de la mobilisation pour le retrait de la loi travail marque la situation. Dès le lendemain, le journal patronal Les Echos est obligé de constater la hausse de la mobilisation, et ajoute que « cela maintient l'exécutif sous pression, alors que le chef de l 'Etat est affaibli par son échec sur la réforme constitutionnelle et par des mauvais sondages ».

Mais nous avons déjà connu des manifestations de masse... pas forcément victorieuses, comme en 2010 contre la réforme des retraites. En 2010, la CGT et la CFDT demandaient « une autre réforme des retraites », et pas le retrait du projet de loi.

Il y avait ce 31 mars, au moins deux différences déterminantes par rapport à 2010 : d’une part, la CFDT a fait officiellement allégeance au gouvernement, tandis que la CGT et FO, avec la FSU, Solidaires et les syndicats étudiants et lycéens, se prononcent pour le retrait du projet de loi El Khomri. Le communiqué commun de ces organisations, au soir du 31 mars, appelle à deux nouvelles journées de grèves et de manifestations, les 5 et 9 avril, et conclut en ces termes: « Si le gouvernement ne répond pas, les organisations syndicales CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL resteront déterminées à poursuivre et amplifier la mobilisation pour obtenir le retrait du projet de loi travail et à conquérir de nouveaux droits sociaux y compris par les manifestations et la grève interprofessionnelle. »

Et d’autre part, la question de « l’alternance » politique qui se profilait en 2010 se pose d’une toute autre manière en 2016 : on a vu cette pancarte d’un manifestant proclamant « 9 ans de Sarkozy, ça suffit ! », qui résume assez bien les questions qui sont posées à tout le mouvement ouvrier, à ses militants à tous les niveaux, et qui exprimait le caractère politique de la grève et des manifestations du 31 mars 2016.

Le dernier communiqué du bureau national du POI s’inscrit dans cette réflexion en ces termes  « Le projet de loi contre le Code du travail ne concentre-t-il pas et ne fédère-t-il pas dans un même mouvement le rejet de ce gouvernement par toutes les catégories de la population laborieuse ? Comment faire pour, tous ensemble, public, privé, obtenir le retrait de ce projet et donc que soit stoppé ce gouvernement ? Toutes ces questions sont en débat parmi les travailleurs, les militants, les élus. Répétons-le : comment est-il possible qu’un gouvernement à ce point déconsidéré et rejeté puisse continuer à porter des coups destructeurs d’une telle ampleur ? ».

En effet, les contributions et interviews rassemblées semaine après semaine dans les pages « Tribune » d'Informations ouvrières et dans les réunions préparatoires à la conférence nationale du 4 juin en défense des conquêtes de 1936 et 1945 le confirment : c'est par la libre discussion que les travailleurs dégageront les voies et les moyens pour aider à la construction du mouvement qui bloquera la politique du gouvernement et, dans le même temps, les formes d’une issue politique.

C'est cette discussion que nous vous proposons de poursuivre et mener en préparant ensemble la conférence du 4 juin.