mardi 5 décembre 2017

Co-entreprise Naval group / Fincantieri : dans quel but ?

Les 2 Guillou (Hervé et Alain, le PDG et son adjoint) l’ont précisé dans la presse :
- Pour le PDG de l’ex-DCNS, « Notre modèle n’est pas l’Airbus du naval, mais plutôt le Renault-Nissan du naval, avec des participations croisées. Pour les synergies, nous ne nous fixons pas de limites : Renault-Nissan en a fait beaucoup plus que ce qu’ils avaient promis au départ ».
- Pour son adjoint, « L’enjeu est de transformer Naval Group en un groupe international rentable, pour offrir à nos clients des navires, des équipements et des services à un prix concurrentiel sur le marché.

« Un groupe international rentable, à un prix concurrentiel sur le marché ».
Tout est dit.

Et s’il fallait encore mettre les points sur les i, le journal patronal Les Echos écrit le 24 novembre, à propos de la loi de programmation militaire, donc pour les seules activités de défense nationale : « Pour la future LPM, la Cour réclame de mieux négocier avec les industriels quitte à acheter du matériel « sur étagère » par appel d’offres au lieu de développer de longs et coûteux programmes nationaux. Une remise en cause du rôle de la Direction générale de l’armement ».
Aussitôt dit, aussitôt fait : un rapport commandité par la ministre des armées préconise la privatisation des services d’entretiens des avions de l’aéronavale !

Renaul-Nissan, Siemens-Alstom... Des exemples à suivre, paraît-il.

Des exemples à quel titre, l’emploi ?
Pour Renault, les « synergies » ont effectivement été « sans limites » : plus de 35 000 emplois supprimés en 10 ans !
Pour Alstom, le PDG de Siemens vient d’annoncer, d’entrée, 6 500 suppressions de postes !
(auxquels il faudrait ajouter les dizaines de milliers de postes détruits depuis 2003, avec vente des chantiers navals de Saint-Nazaire puis le démantèlement de la branche énergie au profit de l’américain General Electric en 2014).

Les entreprises publiques directement livrées aux appétits
de la spéculation financière

La « co-entreprise » Naval groupe/Fincantieri : non seulement les travailleurs de DCNS coûtent trop cher, mais c’est l’entreprise publique elle-même qu’il faut saborder.
Une preuve de plus dans cette guerre commerciale : toujours dans le journal Les Echos, ce même jour, il est fait état des difficultés d’une autre entreprise de fourniture militaire : « Leonardo, un géant italien doté de produits d’avant-garde, mais le groupe d’aéronautique et de défense souffre du manque de vision de son premier actionnaire, l’Etat italien. L’émergence d’une Europe de la défense risque de marginaliser le deuxième industriel de la péninsule ».

C’est la guerre, au sens propre, avec comme seule raison : 
accroître les bénéfices de l’économie d’armement.
C’est ce qu’ils veulent faire, sauf que...

Macron et son gouvernement persistent et signent dans cette entreprise de brigandage international. Comme le titrait un éditorialiste à propos d’Alstom : « C’est une page de l’industrie française qui se tourne ».

Les entreprises publiques, mais aussi l’école, la sécurité sociale... ce sont tous les acquis des plus grandes luttes ouvrières de ce pays « qui se tournent ».

En tout cas c’est ce qu’ils veulent faire... sauf que... Ce même journal Les Echos du 24 novembre rédige un éditorial qui dit ceci :
« Pourquoi la confiance des milieux économiques ne fait pas davantage tache d'huile chez l'ensemble des Français ? Le moral économique des ménages (mesuré par l'Insee) est déjà moins flamboyant. La confiance générale de nos concitoyens l'est encore moins. Or, si elle n'arrive pas, la reprise butera sur un plafond de verre et ses effets concrets feront pschitt ».
Ce même jour, il publie un article sur Siemens en indiquant qu’en Allemagne un rassemblement a eu lieu la semaine dernière : « Il n’y a aucune raison pour qu’une entreprise qui fait 6,3 milliards d’euros de profits supprime des emplois, a martelé le représentant du SPD, Martin Schulz, vêtu du gilet rouge du syndicat IG Metall, sous les applaudissements de son auditoire. Environ 2.000 personnes étaient là, selon la presse allemande ».

Sauf que, le Comité Central d'Entreprise de Naval group a voté majoritairement une résolution s'opposant à la co-entreprise Naval group / Fincantieri (votée par la CGT et la CGC),

Sauf que le congrès de la Fédération Nationale des Travailleurs de l'Etat CGT vient de voter une motion adressée à la Ministre des Armées exigeant l'abandon du projet de privatisation (changement du statut étatique) du SIAé (aéronautique militaire dont dépend l'AIA de Cuers-Pierrefeu),

Sauf que, à Toulon,
- l’intersyndicale CGT-FO-CFDT-UNSA-CGC-CFTC Défense a appelé à la grève le 10 octobre dans le cadre de l’action de grève nationale fonction publique,
- le lendemain 11 octobre, contre la volonté Parisienne de fermer le « garage » et d’externaliser ses missions, les personnels soutenus par l’intersyndicale (CGT-FO-CFDT-UNSA-CGC-CFTC) ont bloqué l’accès du parc dès 4 h du matin. Aucun transport n’a donc pu s’effectuer
- l’intersyndicale CGT-CFDT-UNSA-CGC de Naval group a exigé l’abandon du projet de direction commune Ollioules / Toulon
- l’intersyndicale CGT-CFDT-UNSA-CGC-Sud-CFTC a gagné le maintien d'une variabilité de ¾ d'heure à l'embauchée, contre le dispositif de l’accord d’entreprise
- dans le cadre de l’appel intersyndical CGT-FO-Solidaires du 16 novembre, la CGT a mis en avant le combat contre la nouvelle classification de la métallurgie qui contourne la référence au diplôme comme critère d’entrée dans la classification, et déjà validée par le nouvel accord d’entreprise de Naval group ! (précision : accord dont s’est félicité la direction en précisant qu’il permettait « de retrouver des marges de performance pour gagner des contrats face à des pays émergents comme la Corée », et qui a été signé par la CFDT et la CFE-CGC).

Aider ce combat de résistance à se renforcer.

Pour gagner, pour renforcer ce combat de résistance et de reconquête, les obstacles sont multiples.
Mais à tous les niveaux, dans les services et ateliers, dans les organisations syndicales, se multiplient la recherche des voies et les moyens de l’unité, d’abord par l’affirmation des revendications exprimant le maintien des acquis, qu’il s’agisse des emplois, des statuts, des salaires, des missions d’intérêt public. Et de la reconquête de la maîtrise totalement publique de DCNS.

C’est l’engagement des militants du POI, en s’inscrivant notamment dans la constitution, avec d’autres militants de sensibilités différentes, de comités locaux de résistance et de reconquête des acquis de 1936 et 1945.

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Tract adopté à l'unanimité le 4 décembre 2017 par le congrès du Comité du Var du POI