vendredi 19 avril 2019

Dégager le système

Editorial de Franck Servel,
membre du bureau national du POI,
paru dans Informations ouvrières n° 548


En Algérie, malgré la démission du président Bouteflika, le peuple continue de se mobiliser massivement pour en finir avec le système et le régime en place. En France, semaine après semaine, la mobilisation des gilets jaunes se poursuit, et derrière le mot d'ordre « Macron démission » et les revendications sociales, c'est aussi un mouvement qui cherche à en finir avec les institutions de la Ve République et son monarque au service du capital.

Macron, même encensé par les médias pour ses prestations pendant le grand débat, cristallise toujours le mécontentement de 70 % des Français selon les sondages. Le gouvernement est dans une impasse politique. Ce lundi 8 avril, le Premier ministre a fait la restitution du grand débat national. L'annonce qui est reprise par tous les journaux, c'est « nous devons baisser, et baisser plus vite, les impôts ». Quelle surprise... Dans le programme de Macron, avant son élection, on lit "sur les 60 milliards d’euros de baisse de la dépense publique, 20 milliards d’euros seront consacrés à réduire le niveau des prélèvements obligatoires". Et les augmentations de salaire, n'est-ce pas la première exigence de la population, qui n'en peut plus, qui ne veut plus de ce système ?

Tout ça pour ça... Des semaines interminables de grand débat n'ont pas suffit pour éteindre l'incendie des gilets jaunes, auquel est venue s'ajouter la fronde des enseignants, avec leurs organisations syndicales, pour la défense de l'école publique et le retrait du projet de loi Blanquer.

Et pourtant, pendant le grand débat, les plans du gouvernement continuent de tomber : projet Dussopt contre la fonction publique, et une concertation sur les retraites qui se poursuit depuis un an entre Delevoye et les dirigeants des organisations syndicales. Tous connaissent pourtant l'enjeu : avec la retraite par points, le but est d'en finir avec les régimes spéciaux, et de liquider un acquis majeur arraché par la classe ouvrière en 1945 en abaissant les pensions de retraite pour tous, public ou privé.

L'appel de la convention nationale des délégués des comités de résistance et reconquête se conclut par « nous sommes persuadés que c'est unis, tous ensemble, par l'action collective, les manifestations et la grève massive, que nous parviendrons à bloquer, à les faire reculer et à défaire Macron et sa politique. » C'est la question qui est posée aux militants syndicaux et politiques pour les manifestations du samedi 13 avril appelées dans tout le pays contre la répression brutale des gilets jaunes, pour le retrait de la loi anti-manifestants : n'est-il pas nécessaire de faire la jonction, comme dans de nombreux départements, avec les cortèges de gilets jaunes, ou faut-il continuer à refuser le tous ensemble ?

Dans le Var, le POI était invité à une rencontre avec les autres organisations signataires de l'appel national pour les manifestations du 13 avril. Nous avons convié un gilet jaune, membre du Comité local de résistance et reconquête, à participer à la réunion avec notre délégation. Deux positions se sont affrontées : celle des directions du mouvement ouvrier qui « hésitent », comme le dit l'appel de la convention nationale, et qui proposaient un rassemblement des organisations le matin pendant que les gilets jaunes manifestaient l'après-midi ! et celle des militants du POI, et d'autres organisations, qui ont argumenté et convaincu de la nécessité de faire converger les forces. C'est cette position qui l'a emporté, et cela démontre, si besoin était, toute l'utilité des Comités locaux de Résistance et Reconquête.

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mercredi 10 avril 2019

Manifestation samedi 13 avril à 13 h 30 à Toulon

Ensemble pour les libertés publiques et le droit de manifester,
Contre les violences policières et la répression judiciaire 

Le 29 mars 2019, un nouveau seuil a été franchi dans la dérive autoritaire du gouvernement. Après l’inscription de l’état d’urgence dans le droit commun, l’adoption du projet de loi “anti-manifestant·e·s” qui accroît les mesures liberticides vis-à-vis des manifestant·e·s et des Gilets Jaunes, les préfectures ont multiplié les interdictions de manifester partout dans le pays et le gouvernement a décidé ce samedi 23 mars de recourir à l’armée avant de reculer pour le moment devant la pression. Un État de droit, une démocratie, la République ne sauraient accepter que l’armée se retrouve face au peuple, comme s’il était un ennemi, comme si la guerre civile était déclarée.  

L’ONU a déjà mis en garde la France, pays de la déclaration des Droits de l’Homme, pour ses manquements à ses engagements pour les libertés fondamentales. Beaucoup connaissent l’aggravation de cette situation depuis longtemps, que ce soient les migrant·e·s, les quartiers populaires, qui ont été le champ d’expérimentation d’un maintien de l’ordre souvent en dehors des principes de l’État de droit. La situation prend cependant une gravité inédite. La pénalisation du mouvement social, écologiste et syndical, le mépris au regard des contre-pouvoirs, est une façon d’empêcher tout dialogue, toute issue positive aux crises de notre époque. 

Face aux destructions de bâtiments ou autres actes de violence, le gouvernement ne doit pas jouer aux pompiers pyromanes mais faire preuve de responsabilité. Il est temps de penser les conditions de la désescalade. Pour cesser de nourrir la tension, l’État a le devoir d’en finir avec les provocations et le recours à un arsenal sécuritaire aussi exponentiel qu’inefficace, comme il le fait depuis des semaines vis-à-vis des gilets jaunes. Il est intolérable que des armes dangereuses, dont nous réclamons l’interdiction, aient tant blessé, estropié de manifestant·e·s. Le bilan est déjà tragique et historique.  

A Nice, Les blessures subies dernièrement par la militante pacifiste Geneviève Legay sont le symbole de la violence sourde que le gouvernement a décidé d’employer contre le peuple. Le procureur de la république avoue que la commissaire chargée de l’enquête préliminaire est la compagne du commissaire chargé des opérations le jour des manifestations et mis en cause dans cette affaire. Son compagnon aurait donné l’ordre de charger !  

Toulon a aussi connu des violences policières en particulier en janvier 2019 lors de manifestations des gilets jaunes. Une répression judiciaire sans commune mesure s’abat par ailleurs sur nombre de manifestants. Le droit fondamental de manifester se trouve maintenant clairement menacé.  

La baisse des tensions suppose également que les pouvoirs publics répondent concrètement aux aspirations qui s’expriment largement dans le pays pour la justice sociale, pour une vie digne pour chacune et chacun, pour la lutte contre le réchauffement climatique. De plus en plus de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France. Les inégalités sociales ne reculent pas, elles explosent. Face à ces revendications légitimes, face à l’ensemble de ces violences sociales et environnementales le gouvernement ne sait répondre que par d’autres formes de violences et infliger aux citoyennes et citoyens d’autres humiliations.  

 Nous appelons toutes les forces vives progressistes du pays, attachées aux libertés publiques, à faire cause commune pour que le gouvernement change de ton et de réponse, pour que la démocratie ne soit pas bafouée mais renforcée, pour le retrait de la loi anti manifestants, et l’annulation des mesures liberticides annoncées ce lundi 18 mars par le premier ministre.  

Nous encourageons tous les mouvements à créer des liens de solidarité et de protection, pour que toutes et tous, quel que soit notre âge, notre fragilité, notre condition, nous puissions prendre part au débat public.  

Nous appelons à un large rassemblement ce samedi 13 avril à 13 h 30, place de la liberté à TOULON, en convergence avec les Gilets Jaunes.

Signataires varois :

ATTAC 83, CGT Var, FSU 83, La France Insoumise, Ligue des Droits de l’Homme,  NPA , PCF Var, POI 83, SOLIDAIRES Var