membre du bureau national du POI,
paru dans Informations ouvrières n° 548
En
Algérie, malgré la démission du président Bouteflika, le peuple
continue de se mobiliser massivement pour en finir avec le système
et le régime en place. En France, semaine après semaine, la
mobilisation des gilets jaunes se poursuit, et derrière le mot
d'ordre « Macron démission » et les revendications
sociales, c'est aussi un mouvement qui cherche à en finir avec les
institutions de la Ve République et son monarque au service du
capital.
Macron,
même encensé par les médias pour ses prestations pendant le grand
débat, cristallise toujours le mécontentement de 70 % des Français
selon les sondages. Le gouvernement est dans une impasse politique.
Ce lundi 8 avril, le Premier ministre a fait la restitution du grand
débat national. L'annonce qui est reprise par tous les journaux,
c'est « nous devons baisser, et baisser plus vite, les
impôts ». Quelle surprise... Dans le programme de Macron,
avant son élection, on lit "sur
les 60 milliards d’euros de baisse de la dépense publique, 20
milliards d’euros seront consacrés à réduire le niveau des
prélèvements obligatoires".
Et les augmentations de salaire, n'est-ce pas la première exigence
de la population, qui n'en peut plus, qui ne veut plus de ce
système ?
Tout ça pour ça... Des
semaines interminables de grand débat n'ont pas suffit pour éteindre
l'incendie des gilets jaunes, auquel est venue s'ajouter la fronde
des enseignants, avec leurs organisations syndicales, pour la défense
de l'école publique et le retrait du projet de loi Blanquer.
Et pourtant, pendant le
grand débat, les plans du gouvernement continuent de tomber :
projet Dussopt contre la fonction publique, et une concertation sur
les retraites qui se poursuit depuis un an entre Delevoye et les
dirigeants des organisations syndicales. Tous connaissent pourtant
l'enjeu : avec la retraite par points, le but est d'en finir
avec les régimes spéciaux, et de liquider un acquis majeur arraché
par la classe ouvrière en 1945 en abaissant les pensions de retraite
pour tous, public ou privé.
L'appel de la convention
nationale des délégués des comités de résistance et reconquête
se conclut par « nous sommes persuadés que c'est unis, tous
ensemble, par l'action collective, les manifestations et la grève
massive, que nous parviendrons à bloquer, à les faire reculer et à
défaire Macron et sa politique. »
C'est la question qui est posée aux militants syndicaux et
politiques pour les manifestations du samedi 13 avril appelées dans
tout le pays contre la répression brutale des gilets jaunes, pour le
retrait de la loi anti-manifestants : n'est-il pas nécessaire
de faire la jonction, comme dans de nombreux départements, avec les
cortèges de gilets jaunes, ou faut-il continuer à refuser le tous
ensemble ?
Dans
le Var, le POI était invité à une rencontre avec les autres
organisations signataires de l'appel national pour les manifestations
du 13 avril. Nous avons convié un gilet jaune, membre du Comité
local de résistance et reconquête, à participer à la réunion
avec notre délégation. Deux positions se sont affrontées :
celle des directions du mouvement ouvrier qui « hésitent »,
comme le dit l'appel de la convention nationale, et qui proposaient
un rassemblement des organisations le matin pendant que les gilets
jaunes manifestaient l'après-midi ! et celle des militants du
POI, et d'autres organisations, qui ont argumenté et convaincu de la
nécessité de faire converger les forces. C'est cette position qui
l'a emporté, et cela démontre, si besoin était, toute l'utilité
des Comités locaux de Résistance et Reconquête.
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