(23 mai 2013, maison communale Gérard Philipe, à La Garde)
Suite aux rapports des deux membres du Bureau
national, la discussion a été engagée avec les militants du POI et les 5
militants invités (membres du PCF, du PG, syndicalistes de l’arsenal, des
finances, de la Banque de France) autour de la question posée par la dernière
déclaration du Bureau national du POI : « Comment combattre la
politique d’austérité mise en œuvre par le gouvernement ? »
Un militant syndicaliste a fait état de la résistance
grandissante au sein de son organisation face à la politique du gouvernement,
mais aussi de la colère contre les annonces dans la presse sur les tentatives
de reconstitution du « syndicalisme rassemblé », suite
à une rencontre des deux secrétaires généraux de la CGT et de la CFDT. Délégué
à la conférence de Tarragone, il a insisté sur la nécessité, en France comme
dans les autres pays d’Europe, d’être clair sur les revendications.
Un autre militant
syndicaliste a indiqué que le matin même, l’assemblée de sa mutuelle a adopté
une motion qu’il a proposée contre la contre-réforme des retraites annoncée
avec l’allongement de la durée de cotisations. Et il pose la question : « Le
gouvernement veut intégrer les organisations syndicales. Partout où l’on est,
dans nos syndicats, ne faut-il pas des prises de positions sur les
revendications pour défendre les retraites ? Ne pas accepter un nouveau
recul, exigé par l’Union européenne ? Oui, assurément, beaucoup
n’acceptent pas. Les militants du POI interviennent, comme dans cette assemblée
de mutualistes, pour aider à formuler les revendications et donc pour que les
travailleurs se saisissent de leurs organisations. »
Une adhérente revient sur la
nécessité, dans les discussions avec les militants qui ne sont pas au POI, de
ne pas les heurter de front par rapport aux positions de leurs organisations,
mais de démontrer en argumentant.
Un invité demande
ensuite quelle alternative politique propose le POI au gouvernement actuel.
Dominique Canut, membre fondateur du POI, est alors revenu sur le congrès de
fondation, et sur le manifeste adopté pour le socialisme, pour la socialisation
des moyens de production. Il insiste sur la nécessité de rompre avec l’Union
européenne : « On est les seuls comme parti à vouloir rompre avec
l’Union européenne. Avant le POI,
j’étais au PCF. Il est illusoire de faire croire, comme Mélenchon, qu’on
pourrait ajouter un volet social à l’Union européenne. »
Un syndicaliste de l’arsenal
intervient : « Chaque parti a ses propres positions sur la politique
qu’il faudrait mener. Mais à l’heure actuelle, comme l’indique l’appel du
Bureau national, ne faut-il pas réaliser l’unité pour bloquer la politique du
gouvernement ? Par exemple, dans la salle, avec le camarade qui est invité
aujourd’hui, nous ne sommes pas dans le même syndicat, mais avec nos
organisations, dans l’unité, ne faut-il pas un appel contre l’ouverture du
capital de notre société, le gouvernement menaçant de privatiser DCNS pour le
livrer à Thalès, afin de renflouer les caisses de l’Etat pour réduire les
déficits publics ? Je considère comme positif le fait qu’après notre
intervention – et notamment un tract du POI contre la privatisation de
l’entretien des Avisos - mon organisation syndicale ait clairement formulé ce
mot d’ordre dans sa plate-forme syndicale.»
Un syndicaliste de
l’enseignement est revenu sur la résistance contre la réforme Peillon, 80 % des
communes refusant de l’appliquer à la rentrée 2013, et il ajoute : « Informations
ouvrières est un outil pour les militants qui mènent ce combat. Rappelez-vous
en 2010, c’était le journal qui publiait toutes les prises de positions pour le
retrait du plan Fillon sur les retraites. »
Dominique
Canut insiste sur la nécessité de donner un coup d’arrêt à la politique du
gouvernement. Il revient sur la campagne menée par le POI et les comités pour
une manifestation nationale pour l’interdiction des licenciements. Une
délégation avait rencontré le PG, qui avait refusé le mot d’ordre,
expliquant « on a vocation à
être un parti de gouvernement. » Ca recoupe les dirigeants de la CGT
qui demandaient « une autre réforme des retraites » et ne disaient
pas « retrait ». Et il ajoute : « Comment changer de société si on n’est pas capables de stopper
la politique du gouvernement ? Par exemple, pour le tunnel de Toulon,
nous avons rencontré Alain Bolla, conseiller régional PCF, qui disait,
considérant que si les capitalistes ne veulent pas donner l’argent pour finir
les travaux, alors la région réfléchissait à faire une souscription régionale…
On est face à l’Union européenne, à la réduction des déficits publics, au
désengagement de l’Etat, et la région PS-PCF-PG gère ce
désengagement ! »
Un militant du PCF, après
avoir remercié d’être invité, rappelle qu’il a découvert le POI, qu’il ne
connaissait pas, aux dernières municipales à Toulon, lorsque nous avons fait
une liste commune PCF - POI : « Je me rappelle cette discussion
tendue sur le retour au statut d’Etat de la DCN. Je suis intervenu fermement,
comme le POI, pour le retour au statut d’Etat, pas pour le « pôle public
de défense » que revendique mon parti. L’armement ne doit pas être mis
dans les mains du privé et doit rester au sein de l’Etat, donc il faut aussi un
seul statut pour les personnels, pour arrêter la division entre les salariés au
sein même de l’arsenal. Je suis d’accord qu’il faut un coup d’arrêt massif
à la politique du gouvernement, mais ça se prépare, parce que les travailleurs
peuvent penser que ça favoriserait un retour de la droite. Donc, c’est les militants
les plus avertis qui doivent expliquer, s’organiser pour ce coup d’arrêt. Je
veux revenir aussi sur le syndicalisme rassemblé. J’ai été responsable
syndical. Ma formation syndicale, c’était : on définit les revendications,
puis on se rassemble sur les revendications. Le syndicalisme rassemblé, c’est
le contraire : on se rassemble, après il n’y a pas de
contenu ! »
Un
militant syndicaliste revient sur le mot d’ordre « dehors la
troïka » : « il s’agit
d’un mot d’ordre porté par le peuple, au Portugal, en Grèce, pas par le POI,
qui n’est pas là pour asséner des mots d’ordre, mais pour aider à la
compréhension des évènements, incluant donc les obstacles qui entravent les
combats de résistance et la réalisation de l’unité. » Il ajoute que le
POI étant internationaliste, les pages internationales d’Informations ouvrières aident à cette compréhension. Il cite aussi
la Tunisie, où c’est dans la rue que le mot d’ordre d’assemblée constituante a
émergé.
Un autre invité
demande : « Est-ce que le POI veut prendre le pouvoir ? Mélenchon
le veut, mais avec des compromis. » Un adhérent lui répond : « le
pouvoir dont il s’agit, c’est celui d’une classe sociale, exploitée, et qui
cherche à se dégager de cette exploitation. Le camarade qui m’a précédé a fait
état de l’effondrement du pouvoir de Ben Ali en Tunisie, produit d’un processus
de résistance dans toutes les couches de la population tunisienne avec au
centre sa seule organisation ouvrière, l’UGTT. De fait, en France, et dans de
nombreux pays, ce processus est en marche. Chaque revendication, qui vise à
maintenir le droit de vivre de son travail, s’affronte violemment au maintien
de l’ordre capitaliste et de ses institutions, dont l’Union européenne. C’est
pourquoi nous attachons, comme militants du POI, une importance majeure à aider
la classe ouvrière à qualifier ses revendications, et à créer les conditions de
son unité pour les faire aboutir. »
Un autre invité indique
qu’il est attaché au socialisme, mais qu’une majorité de citoyens n’arrivent
pas à renverser le système par le vote. Dans un « contexte médiatique défavorable », il insiste sur « le travail d’information » à
faire auprès des travailleurs qui disent « le communisme a échoué,
c’est le capitalisme qui a réussi ». Il conclut par la nécessité de
revenir à des actions collectives.
En
conclusion, le rapporteur est revenu sur l’intervention de Lorenzo Varaldo,
militant syndicaliste italien qui était venu participer à un meeting
internationaliste avec le POI fin 2011 dans le Var : « En France, vous avez la chance d’avoir un parti ouvrier
indépendant qui modifie la situation politique. », et il ajoute :
« Ce parti est utile, il faut le
faire grandir ! »
Limités par le temps d’occupation
de la salle, il a été clair pour tous les présents que cette discussion
passionnante devait se poursuivra après le congrès. Une déclaration a été
adoptée à l’unanimité, avec une résolution pour la campagne d’abonnements à Informations
ouvrières pour l’été, le congrès se fixant l’objectif d’atteindre les 100
abonnements dans le Var pour développer la diffusion du journal qui, comme le
disait un congressiste, « participe à la compréhension de la
situation ». Quatre propositions d’articles pour le journal ont été
faites dans le congrès, dont une tribune libre d’un militant communiste.
Après les différents votes
(quitus donné à l’unanimité à la trésorière, répartition des cotisations,
rapports d’activité, élection des délégués au congrès national et du bureau
départemental), nous nous sommes retrouvés autour d’un pot fraternel. Un des
invités, militant syndicaliste, a adhéré au POI à l’issue du congrès.