lundi 29 juillet 2013

Compte rendu du congrès 2013 du Comité du Var du POI

(23 mai 2013, maison communale Gérard Philipe, à La Garde)

Suite aux rapports des deux membres du Bureau national, la discussion a été engagée avec les militants du POI et les 5 militants invités (membres du PCF, du PG, syndicalistes de l’arsenal, des finances, de la Banque de France) autour de la question posée par la dernière déclaration du Bureau national du POI : « Comment combattre la politique d’austérité mise en œuvre par le gouvernement ? »

Un militant syndicaliste a fait état de la résistance grandissante au sein de son organisation face à la politique du gouvernement, mais aussi de la colère contre les annonces dans la presse sur les tentatives de reconstitution  du « syndicalisme rassemblé », suite à une rencontre des deux secrétaires généraux de la CGT et de la CFDT. Délégué à la conférence de Tarragone, il a insisté sur la nécessité, en France comme dans les autres pays d’Europe, d’être clair sur les revendications.

Un autre militant syndicaliste a indiqué que le matin même, l’assemblée de sa mutuelle a adopté une motion qu’il a proposée contre la contre-réforme des retraites annoncée avec l’allongement de la durée de cotisations. Et il pose la question : « Le gouvernement veut intégrer les organisations syndicales. Partout où l’on est, dans nos syndicats, ne faut-il pas des prises de positions sur les revendications pour défendre les retraites ? Ne pas accepter un nouveau recul, exigé par l’Union européenne ? Oui, assurément, beaucoup n’acceptent pas. Les militants du POI interviennent, comme dans cette assemblée de mutualistes, pour aider à formuler les revendications et donc pour que les travailleurs se saisissent de leurs organisations. »

Une adhérente revient sur la nécessité, dans les discussions avec les militants qui ne sont pas au POI, de ne pas les heurter de front par rapport aux positions de leurs organisations, mais de démontrer en argumentant.

Un invité demande ensuite quelle alternative politique propose le POI au gouvernement actuel. Dominique Canut, membre fondateur du POI, est alors revenu sur le congrès de fondation, et sur le manifeste adopté pour le socialisme, pour la socialisation des moyens de production. Il insiste sur la nécessité de rompre avec l’Union européenne : « On est les seuls comme parti à vouloir rompre avec l’Union européenne. Avant le POI,  j’étais au PCF. Il est illusoire de faire croire, comme Mélenchon, qu’on pourrait ajouter un volet social à l’Union européenne. »

Un syndicaliste de l’arsenal intervient : « Chaque parti a ses propres positions sur la politique qu’il faudrait mener. Mais à l’heure actuelle, comme l’indique l’appel du Bureau national, ne faut-il pas réaliser l’unité pour bloquer la politique du gouvernement ? Par exemple, dans la salle, avec le camarade qui est invité aujourd’hui, nous ne sommes pas dans le même syndicat, mais avec nos organisations, dans l’unité, ne faut-il pas un appel contre l’ouverture du capital de notre société, le gouvernement menaçant de privatiser DCNS pour le livrer à Thalès, afin de renflouer les caisses de l’Etat pour réduire les déficits publics ? Je considère comme positif le fait qu’après notre intervention – et notamment un tract du POI contre la privatisation de l’entretien des Avisos - mon organisation syndicale ait clairement formulé ce mot d’ordre dans sa plate-forme syndicale.»

Un syndicaliste de l’enseignement est revenu sur la résistance contre la réforme Peillon, 80 % des communes refusant de l’appliquer à la rentrée 2013, et il ajoute : « Informations ouvrières est un outil pour les militants qui mènent ce combat. Rappelez-vous en 2010, c’était le journal qui publiait toutes les prises de positions pour le retrait du plan Fillon sur les retraites. »

Dominique Canut insiste sur la nécessité de donner un coup d’arrêt à la politique du gouvernement. Il revient sur la campagne menée par le POI et les comités pour une manifestation nationale pour l’interdiction des licenciements. Une délégation avait rencontré le PG, qui avait refusé le mot d’ordre, expliquant « on a vocation à être un parti de gouvernement. » Ca recoupe les dirigeants de la CGT qui demandaient « une autre réforme des retraites » et ne disaient pas « retrait ». Et il ajoute : « Comment changer de société si on n’est pas capables de stopper la politique du gouvernement ? Par exemple, pour le tunnel de Toulon, nous avons rencontré Alain Bolla, conseiller régional PCF, qui disait, considérant que si les capitalistes ne veulent pas donner l’argent pour finir les travaux, alors la région réfléchissait à faire une souscription régionale… On est face à l’Union européenne, à la réduction des déficits publics, au désengagement de l’Etat, et la région PS-PCF-PG gère ce désengagement ! »

Un militant du PCF, après avoir remercié d’être invité, rappelle qu’il a découvert le POI, qu’il ne connaissait pas, aux dernières municipales à Toulon, lorsque nous avons fait une liste commune PCF - POI : « Je me rappelle cette discussion tendue sur le retour au statut d’Etat de la DCN. Je suis intervenu fermement, comme le POI, pour le retour au statut d’Etat, pas pour le « pôle public de défense » que revendique mon parti. L’armement ne doit pas être mis dans les mains du privé et doit rester au sein de l’Etat, donc il faut aussi un seul statut pour les personnels, pour arrêter la division entre les salariés au sein même de l’arsenal. Je suis d’accord qu’il faut un coup d’arrêt massif à la politique du gouvernement, mais ça se prépare, parce que les travailleurs peuvent penser que ça favoriserait un retour de la droite. Donc, c’est les militants les plus avertis qui doivent expliquer, s’organiser pour ce coup d’arrêt. Je veux revenir aussi sur le syndicalisme rassemblé. J’ai été responsable syndical. Ma formation syndicale, c’était : on définit les revendications, puis on se rassemble sur les revendications. Le syndicalisme rassemblé, c’est le contraire : on se rassemble, après il n’y a pas de contenu ! »

Un militant syndicaliste revient sur le mot d’ordre « dehors la troïka » : « il s’agit d’un mot d’ordre porté par le peuple, au Portugal, en Grèce, pas par le POI, qui n’est pas là pour asséner des mots d’ordre, mais pour aider à la compréhension des évènements, incluant donc les obstacles qui entravent les combats de résistance et la réalisation de l’unité. » Il ajoute que le POI étant internationaliste, les pages internationales d’Informations ouvrières aident à cette compréhension. Il cite aussi la Tunisie, où c’est dans la rue que le mot d’ordre d’assemblée constituante a émergé.

Un autre invité demande : « Est-ce que le POI veut prendre le pouvoir ? Mélenchon le veut, mais avec des compromis. » Un adhérent lui répond : « le pouvoir dont il s’agit, c’est celui d’une classe sociale, exploitée, et qui cherche à se dégager de cette exploitation. Le camarade qui m’a précédé a fait état de l’effondrement du pouvoir de Ben Ali en Tunisie, produit d’un processus de résistance dans toutes les couches de la population tunisienne avec au centre sa seule organisation ouvrière, l’UGTT. De fait, en France, et dans de nombreux pays, ce processus est en marche. Chaque revendication, qui vise à maintenir le droit de vivre de son travail, s’affronte violemment au maintien de l’ordre capitaliste et de ses institutions, dont l’Union européenne. C’est pourquoi nous attachons, comme militants du POI, une importance majeure à aider la classe ouvrière à qualifier ses revendications, et à créer les conditions de son unité pour les faire aboutir. »

Un autre invité indique qu’il est attaché au socialisme, mais qu’une majorité de citoyens n’arrivent pas à renverser le système par le vote. Dans un « contexte médiatique défavorable », il insiste sur « le travail d’information » à faire auprès des travailleurs qui disent « le communisme a échoué, c’est le capitalisme qui a réussi ». Il conclut par la nécessité de revenir à des actions collectives.

En conclusion, le rapporteur est revenu sur l’intervention de Lorenzo Varaldo, militant syndicaliste italien qui était venu participer à un meeting internationaliste avec le POI fin 2011 dans le Var : « En France, vous avez la chance d’avoir un parti ouvrier indépendant qui modifie la situation politique. », et il ajoute : « Ce parti est utile, il faut le faire grandir ! »

Limités par le temps d’occupation de la salle, il a été clair pour tous les présents que cette discussion passionnante devait se poursuivra après le congrès. Une déclaration a été adoptée à l’unanimité, avec une résolution pour la campagne d’abonnements à Informations ouvrières pour l’été, le congrès se fixant l’objectif d’atteindre les 100 abonnements dans le Var pour développer la diffusion du journal qui, comme le disait un congressiste, « participe à la compréhension de la situation ». Quatre propositions d’articles pour le journal ont été faites dans le congrès, dont une tribune libre d’un militant communiste.


Après les différents votes (quitus donné à l’unanimité à la trésorière, répartition des cotisations, rapports d’activité, élection des délégués au congrès national et du bureau départemental), nous nous sommes retrouvés autour d’un pot fraternel. Un des invités, militant syndicaliste, a adhéré au POI à l’issue du congrès.